Le jihadiste français Sabri Essid exécuté par Daesh, son frère cadet mort aussi
L’information bruissait depuis quelques jours, à la faveur d’un communiqué d’une branche non officielle du groupe dit de « l’Etat islamique (EI) ». Elle a été confirmée mardi par plusieurs sources du renseignement aux médias français Libération et RTL : Sabri Essid, pilier historique du jihad toulousain, est bel et bien mort en Syrie.
En revanche, contrairement à ce qu’affirmait le communiqué du groupe dit de l’Etat Islamique Daesh, Sabri Essid n’a pas sauté sur une mine, mais aurait été exécuté. De même, une source haut placée indique à Libération que «la date de son décès est bien antérieure à l’annonce de l’EI».
Enfin, toujours selon cette source, Walid Essid, le frère cadet de Sabri, est également considéré comme mort.
Dans son édition du 9 février, le quotidien « Libération » retraçait le parcours syro-irakien du groupe de Toulouse-Albi, l’un des plus emblématiques du jihad français. Sabri Essid, de son nom de guerre Abou Doujana, y faisait figure de leader.
Le 18 novembre 2006, il rejoint pour la première fois un théâtre d’opération. L’objectif est alors de rejoindre l’Irak pour y combattre l’armée américaine. Pour cela, Essid gagne la Syrie où il retrouve Thomas Barnouin, autre membre éminent du groupe de Toulouse et Albi, formé à l’université théologique de Médine, en Arabie Saoudite. Pour déjouer la vigilance des services de sécurité de Bachar al-Assad, les deux Français se terrent dans une maison de Hama, en compagnie d’autres jeunes radicaux, syriens et saoudiens.
Venu d’Arabie Saoudite, Barnouin a transité par la Jordanie. Essid, lui, a voyagé en bus avec Miloud Chachou, un ami de longue date. En manque de ressources, les Français font appel à Imad Djebali, un autre «frère» resté à Toulouse. Ce dernier adresse à Miloud Chachou une somme de 1 355 euros, via Western Union.
Mais l’aventure tourne court. Le 12 décembre 2006, Essid et Barnouin sont arrêtés par la sécurité militaire syrienne. Chachou, lui, ne refait jamais surface.
Le 13 février 2007, les deux jihadistes sont remis aux policiers français à Roissy. L’épisode endurcit encore Essid. Avec les célèbres frères Clain et Merah, il fréquentait déjà assidûment les cours de religion d’Olivier Corel, dit l'«émir blanc d’Artigat», un petit village de l’Arriège.
Les services spécialisés consignent ses propos les plus sulfureux, notamment ceux où il affirme que «le jihad commande de défendre les musulmans partout où ils sont agressés». Le trentenaire estime en outre que «les attentats de Madrid [du 11 mars 2004, ndlr] ont été utiles à la cause irakienne», et qu’il «avait souhaité mourir en martyr en Irak, les armes à la main.»
En décembre 2009, Essid écope d’une peine de cinq années de prison. Libéré en juillet 2011, Sabri Essid assiste à la recomposition de sa famille. Son père, Mohamed, se remarie avec Zoulicka Aziri, la mère des frères Merah. Si l’influence de Sabri Essid sur les attentats commis par Mohammed Merah semble acquise pour la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, future DGSI), il ne sera cependant jamais entendu par la justice dans ce dossier.
Le 22 mars 2012, c'est Sabri Essid qui semble diriger l'enterrement de Mohammed Merah dans un cimetière de Cornebarrieu (Haute-Garonne).
Le 17 septembre 2013, une nouvelle information judiciaire visant des membres du groupe de Toulouse et Albi est ouverte par la section antiterroriste du parquet de Paris.
Sans surprise, Sabri Essid y apparaît rapidement. La DGSI épie les séances d’entraînement draconiennes, composées de course, de musculation, de boxe, mais aussi de paintball. Les policiers soulignent «une méthodologie paramilitaire». Début 2014, Sabri Essid s’envole à nouveau pour la Syrie.
Cette fois-ci, il rejoint les rangs de l’Etat islamique où il laisse libre cours à sa cruauté. Dans une vidéo, il fait exécuter par Rayan, son beau-fils de 12 ans, un otage israélien nommé Mohamed Musallah, 19 ans.
Avec la disparition de Sabri Essid, une page du jihad français se tourne. D’après une source sécuritaire française bien informée, «de nombreux combattants français seraient morts ces derniers mois, notamment lors de la bataille de Mossoul».
«Les identifications prendront beaucoup de temps, mais il y a fort à parier que beaucoup seront alors exhumés», poursuit-elle. Selon nos informations, les frères Clain, inscrits mardi sur la liste des sanctions par l’Union européenne, seraient toujours en vie.
En revanche, des interrogations circulent sur le possible décès de Salim Benghalem, l’un des geôliers des quatre otages français retenus à Alep. Ce dernier n’aurait plus donné signe de vie depuis plusieurs semaines.
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