Le ministère de la Défense met du sien pour détruire l’industrie du textile et de l’habillement !

Nafaa Ennaifer, président de la Fédération Tunisienne du Textile et de l’Habillement (FTTH) a tout à fait raison d’être en colère. Même le ministère de la Défense national met du sien pour contribuer à détruire l’industrie tunisienne du textile qui fut la fierté de la promotion industrielle tunisienne. Il ne comprend pas que ce département chargé de défendre la souveraineté tunisienne se tourne vers la Chine et la Turquie pour acquérir 180.000 tenues de combat par an dans le cadre d’un marché-cadre valable pendant trois ans.

En effet selon lui le ministère de la Défense nationale a procédé à un avis de consultation auprès de deux entreprises chinoises, deux autres turques et une seule tunisienne pour l’acquisition de cet important lot de tenues de combat sur trois années. Ennaifer estime dans un post sur sa page facebook que cet avis de consultation va priver les entreprises tunisiennes d’un marché d’une valeur de 70 à 75 millions de dinars qui feront travailler les usines de textile et des industries annexes (la teinture, l'impression, la couture, la broderie, les boutons et autres).

« Des sociétés chinoises et turques bénéficieront ainsi de l’argent du contribuable tunisien pour « casser » l’industrie nationale et se positionner définitivement en Tunisie contribuant ainsi à la destruction indubitable de l’industrie tunisienne » ajoute-t-il. S

elon lui ce qui est encore plus grave c’est que le ministère de la Défense ne s’est pas contenté de cette consultation mais qu’il a lancé des appels d’offres internationaux pour l’acquisition de grandes quantités de tenues militaires.

Il précise qu’au moment où les fournisseurs tunisiens sont obligés d’apporter la preuve de leur statut fiscal et le règlement de leurs cotisations sociales et qu’ils sont payés en dinars tunisiens dans un délai de 4 à 6mois après la livraison, les fournisseurs étrangers sont payés en devises fortes et en espèces alors même que l’Etat supporte les pertes de changes

Le président de la FTTH s’est dit surpris que le ministère de la Défense acquière des tenues de Turquie et de Chine alors que les ateliers tunisiens fabriquent de tenues pour la police, l’armée ou l’administration d’un grand nombre de pays européens et africains. « C’est à ne rien y comprendre », écrit-il en commentaire.

Ennaifer rappelle que les entreprises de textile et d’habillement souffrent sur le plan national des répercussions graves de la crise sanitaire d’une part et de l’inondation du marché par des marchandises de contrebande et de la friperie.

Ces entreprises disposent d’une expérience et d’un savoir-faire qui leur a permis de répondre aux besoins de nos administrations, de notre police et de notre armée à travers des appels d’offres nationaux auxquels elles participent et se livrent concurrence de nombreuses entreprises tunisiennes.

En pointant un doigt accusateur le président de la FTTH est tout à fait dans son droit. Car au moment où tous les pays du monde protègent leurs entreprises voilà que le nôtre et plus est, par le truchement d’un ministère censé défendre la nation se permet de brader les intérêts nationaux.