Le premier président de la Cour des Comptes : Nous travaillons dans des conditions indignes de la République

Le premier président de la Cour des Comptes : Nous travaillons dans des conditions indignes de la République

 

« Nous travaillons dans des conditions indignes de la République ». Ce cri du cœur c’est le premier président de la Cour des Comptes Néjib Gtari qu’il vient de lancer dans une interview au quotidien La Presse parue dans son édition du dimanche.

Il pointe du doigt le budget qu’il juge insuffisant. «Notre budget de fonctionnement s’élève à un milliard 100 (millions de millimes). Comment faire fonctionner une institution aux lourdes missions, une institution sollicitée par tout le monde avec un montant ne dépassant pas celui des dépenses allouées aux frais de réception de certains organismes publics ? Comment peut-on demander à une institution comme la nôtre de s’assumer moyennant un tel budget, qui a régressé depuis 2011 pour cause de compressions des dépenses publiques alors que nos charges professionnelles, notamment nos missions spécifiques, comme par exemple le suivi des dépenses électorales, ont doublé », se demande le haut magistrat.

Il a indiqué qu’un conseil ministériel restreint a eu lieu à propos de la Cour des comptes le 18 mars dernier, lequel a promis de renforcer les moyens de la Cour et de permettre le recrutement direct de vingt nouveaux magistrats. « En réalité, ajoute-t-il, nous avons besoin de doubler le nombre de nos cadres pour pouvoir nous acquitter comme il faut de toutes nos tâches, à savoir passer de 150 magistrats à 300 en tout. »

Il pointe du doigt aussi le manque terrible de locaux. « Nous n’avons pas de place, y compris pour intégrer les 20 nouveaux magistrats, qui seront affectés à la Cour des Compte au cours de ce mois de juillet. » « Nous sommes répartis dans trois bâtiments dispersés, celui de Borj Zouara, datant du protectorat français, menaçant ruine. Des bâtiments qui ne font pas honneur à la Tunisie et à son image », a dit encore Néjib Gtari.

Quand on lui demande s’il y a une volonté politique pour priver la Cour des moyens nécessaires pour accomplir sa tâche son premier président botte en touche. « Nous ne jugeons pas les intentions. Mais si on revient un peu en arrière, on a eu une occasion il y a deux ans de louer un local situé sur l’avenue Taieb-Mehiri, que venait de quitter le Conseil du marché financier. Il nous aurait permis de regrouper tous les cadres de la CC dans un seul lieu. Le ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières a alors envoyé une expertise sur place, qui a arrêté la somme de 280 000 DT pour la location annuelle du local, une somme inférieure aux 400 000 Dinars par an demandés par le propriétaire. Etonnant : deux mois après, ce même local est loué à l’Office national du tourisme tunisien (Ontt) sous tutelle du ministère du Tourisme. Pourquoi ce qui est interdit à la Cour des comptes est permis à une autre institution publique ? Nous nous posons beaucoup de questions à ce propos », a-t-il dit.

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