Le projet politique de Mondher Zenaidi prend forme

Le projet politique de Mondher Zenaidi prend forme

 

Après une participation,  plutôt décevante,  aux élections présidentielles, fin 2014, l’ancien ministre Mondher Zenaïdi a pris ses distances d’avec le monde politique mais sans jamais le quitter vraiment. Alors que lui observait le mutisme sur ses projets futurs, comme sur ses intentions à plus court terme, certains de ses amis laissaient entendre qu’il envisageait de revenir sur la scène avec un projet politique le moment qu’il juge utile.

Puis on ne faisait plus mystère de son intention de créer un parti politique. Un groupe d’amis autour de lui se penche sérieusement sur le projet. A un certain moment, on cherchait même un nom au parti en cours de formation. On a même avancé qu’il s’appellerait le parti social-démocrate, une manière de reprendre les initiales de l’ancien parti de Bourguiba, le parti socialiste destourien, PSD.  Ensuite, il était question d’un rapprochement avec le parti Moubadara destourienne de Kamel Morjane, un ancien collègue de M.Zenaïdi dans le gouvernement de Ben Ali et au sein de la direction de son parti le RCD maintenant dissous.

Mais le projet n’a pas abouti et chacun a repris ses billes. M.Morjane est allé voir du côté de Slim Riahi et son parti  UPL pour cette fois une fusion entre les deux mouvements. Mondher Zenaidi, de son côté,  peaufine son projet, consulte autour de lui, contacte alliés et amis. Il prend son temps car rien ne le presse. Il n’y a pas d’échéances nationales majeures avant 2019.

Mais il ne doit attendre longtemps, car d’autres peuvent occuper la place. La crainte ne vient pas du côté des destouriens, car la scène est en train de s’éclaircir. Seul Kamel Morjane peut lui faire de l’ombre. Mais son parti est d’ancrage Sahélien, ce qui ne risque pas de lui tenir la dragée haute. Le Machrou3 de Mohsen Marzouk qui a séduit des destouriens ne risque pas d’aller loin, car les vrais destouriens ne pourront jamais le suivre.

La seule crainte vient de Mehdi Jomaa l’ancien chef du gouvernement dont l’image reste attractive et qui a le don de ratisser large, les destouriens comme les autres. En optant pour un club de réflexion, un « think tank » plutôt qu’un parti politique, Jomaa ajoute à la confusion. Son idée lui donne un atout et contraint ses concurrents à une redistribution des cartes. M. Zenaïdi ne peut attendre plus longtemps. Il lui faut se positionner sur la scène politique. S’il tarde à le faire ce sera peut être trop tard.

Ce vendredi, il a fait un premier avant de dévoiler clairement ses intentions probablement dans les jours qui viennent. Dans un entretien minutieusement préparé avec le journal Al-Chourouk, Mondher Zenaïdi donne les lignes directrices de son projet sans en révéler ni la forme ni le nom.

Il parle d’un projet collectif et non personnel. « Nous, un groupe de personnalités et de parties nationales appartenant à la famille destourienne, des jeunes, des femmes, des gens expérimentés et compétents, ainsi que des partis centristes, sociaux-démocrates, modernistes ainsi que des personnalités indépendantes, ne voulons pas d’une initiative qui vient compliquer la situation », a-t-il affirmé dans cet entretien en ajoutant que lui et ses amis « œuvrent en vue d’une rencontre nationale globale  (qui) prendra sa place comme partie de la solution de la Tunisie de demain ». Il vise a-t-il précisé à créer « une force nationale de salut qui soit active et efficiente »

M. Zenaïdi insiste sur le terme rencontre nationale socio-démocrate qu’il ne fait pas de doute que son parti en devenir prendra ses termes le nom qu’il se choisira en y ajoutant probablement l’adjectif destourien qui est la référence du nouveau mouvement. Mais il n’exclut pas un rapprochement de son parti avec Nidaa Tounés ou le Machrou3, mais ce sera si ces deux mouvements l’acceptent sous forme « d’un cadre renouvelé réunissant toutes ces forces ». Dans sa bouche, cela va dire que ces deux partis viendraient se fondre dans le projet qu’il compte créer.

Offrant ses services, M.Zenaïdi  estime que la Tunisie a besoin aujourd’hui de « responsables capables de faire preuve d’audace pour accomplir les révisions indispensables » dont le pays a besoin y compris « les réformes nécessaires » ainsi que le « renforcement des fondements nationaux et souverains sur une plateforme faite de patriotisme, de compétence et de responsabilité » a-t-il dit, en faisant valoir que des commissions formées de cadres compétents et expérimentés se penchent actuellement sur l’élaboration de « nouvelles  conceptions et alternatives des réformes à mettre en œuvre en rapport avec la réalité et les mutations que vit le pays » a-t-il ajouté.

Il s’est dit enfin favorable à la réconciliation nationale qu’il qualifie de valeur civilisationnelle et de clef pour reprendre le chemin du futur. « Pendant cinq ans, nous avons expérimenté la non-réconciliation  et son prix a été élevé et a usé les forces des Tunisiens » a –t-il poursuivi en concluant sans ambages : « Nous soutenons l’initiative annoncée dans ce sens. »

R.B.R.

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