Les Tunisiens seraient-ils devenus allergiques au...Coran ?

Les Tunisiens seraient-ils devenus allergiques au...Coran ?
 
Par Oumar DIAGANA
 
Il y a quelque temps paraissait un livre à charge contre le prophète de l'Islam et ses compagnons. Signé par la Tunisienne Hela Ouardi, ce torchon intitulé "Les derniers jours de Muhammad" était pourtant accueilli à Tunis avec tous les honneurs à la foire internationale du livre du Kram. Et jusqu'à la rupture de stock, s'il vous plait ! 
 
L'auteur, qui n'apporte pourtant rien de nouveau à la "Sira" du prophète, est juste descendue dans les caniveaux pour nous ressasser des contre-vérités qu'entretiennent certaines sources, surtout chiites, et qui sont à mille lieues de la réalité. Un livre infect et insupportable qui insinue que le plus grand des prophètes que le monde ait jamais connu ne serait pas mort naturellement, mais qu'il aurait été assassiné. Pire encore, cette dame aux "relents islamophobes" nous pond un pamphlet truffé d’interprétations impétueuses et de mensonges historiques.
 
Et dans une interview accordée à un journal français, elle ose même "déterrer" cette idée que "la dépouille du prophète était restée à l'abandon...en état de putréfaction".Eh oui, vous avez bien lu ! Ce livre déstabilisant a le don de heurter la sensibilité des plus "pieux" et de mettre en péril la "foi" de fidèles qui ne seraient pas suffisamment "armés" de science.
 
Ce pamphlet, pourtant de la même lignée que les "Versets sataniques" de Salman Rushdie, a été accueilli en Tunisie comme une lettre à la poste, alors qu'il a été interdit au Sénégal. Signe que quelque chose ne tourne pas rond en Tunisie dans notre rapport avec l'Islam et le sacré.
 
Et comme si ces attaques et provocations islamophobes venues de "l'intérieur" ne suffisaient pas, nous avons atteint, ce mercredi 20 avril 2016, le seuil de l'insupportable. Invitée sur le plateau de la chaîne El Hiwar Ettounsiya, une autre compatriote Neyla Sellimi, professeur de littérature et de civilisation arabes, s'en est donné à coeur joie en déversant sa bile sur le Coran et son contenu. C'est à croire que cette femme avait une mission de déconstruction et de démythification du sacré. A côté d'elle, Ayan Hirshi Ali et Taslima Nasreen ne feraient pas le poids. Elles peuvent prendre leur retraite ! 
 
Haine viscérale du Coran, interprétations légères du texte sacré, des versets du Coran contestés et tournés en dérision, banalisation et critiques acerbes du verbe d'Allah, versets coraniques cités et sortis de leur vrai contexte... Notre "brave" femme,  "excitée" et déchaînée, ne s'est pas fait prier pour tirer à boulets rouges sur ce que nous avons de plus sacré. Et le comble, c'est que cela s'est fait publiquement dans l'impunité la plus totale. L'indifférence, j'allais dire !
 
 
"Demandez à plus savant que vous, si vous ne savez pas"
 
Il est clair que cette dame, qui a fait passer le Coran pour un livre de violence qui "n'apporte rien", n'a pas la carrure adéquate pour interpréter les versets et les situer dans leur vrai contexte. Le Coran ne dit-il pas: "Demandez à plus savant que vous si vous ne savez pas". 
 
Au-delà de ces soi-disant versets de "violence" qu'il faut contextualiser et qui sont à mettre pour le compte de la légitime défense en temps de guerre, notre "brave" dame, aveuglée par son ignorance, ne sait sans doute pas que c'est ce même Coran qui nous demande d'être bon avec nos parents. Que c'est ce même Coran qui nous demande de ne pas opprimer l’orphelin et de ne pas repousser le mendiant. Que c'est ce même Coran qui nous demande de ne pas voler, de ne pas tuer, de ne pas "boire", de ne pas calomnier, d'avoir un comportement irréprochable même avec les animaux, de... marier les veuves et les divorcées. Que c'est ce même Coran qui nous demande de bien traiter les prisonniers de guerre. Que c'est ce même Coran qui dit: "Celui qui tue un seul être, c'est comme s'il avait tué toute l'humanité. Et que celui qui sauve un seul être, c'est comme s'il avait sauvé l'humanité tout entière". 
 
On le sait désormais depuis longtemps, s'indigner pour un oui ou pour un non, se lamenter à la moindre contrariété, pérorer à la moindre peccadille...tel est désormais le sport favori de nombre de Tunisiens d'après-Révolution. Mais, savez-vous ce qui fit réellement sortir cette "brave" dame de ses gonds?
 
Il aura juste fallu que le ministre des Affaires religieuses propose une initiative qui, a priori, reste salutaire pour que l'on assiste à cette "volée de bois vert" sur fond de cacophonie médiatique. Ainsi, dans le cadre du projet de réforme de l'école nationale et du plan de lutte contre le terrorisme, le ministre a annoncé la signature d'un accord avec le département de l'Education pour proposer une nouvelle activité aux jeunes pendant leurs vacances. A savoir l'apprentissage du Saint Coran.
 
Dans un pays de culture arabo-islamique, au pays de la prestigieuse université islamique "Zitouna" et de Kairouan "la sacrée", l'on s'indigne encore que l'apprentissage du Coran soit proposé aux enfants. Voilà tout le paradoxe de ce pays et de ses enfants dont l'arabo-islamité est pourtant inscrite dans le préambule de la Constitution. Ce pays de paradoxe dont les enfants critiquent de façon acerbe et rejettent comme la peste des cours gratuits de "lavage mortuaire"  que de gens venus du Golfe sont venus proposer. Trop archaïque et trop macabre à leur goût !
 
 
Enseigner le Coran: un sacrilège en Tunisie ?
 
Enseigner le Coran aux enfants pendant les vacances?! Un sacrilège?! Si ce n'est pas le cas, ça y ressemble ! Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux pour comprendre à quel point la "chose" a atteint des proportions déplorables. Des commentaires caustiques, des insultes à tout-va, et pire encore, l'on blasphème à qui mieux mieux ! C'est dire où en est-on arrivés avec la stigmatisation (le rejet j'allais dire) de la religion.
 
Pourtant, si à la place du Coran, l'on avait proposé des séances de peinture, de dessin, de boxe, de judo...personne n'aurait bronché ! L'on aurait même salué la grande trouvaille. Voilà encore un des éléments du paradoxe du Tunisien qui, devenu un très mauvais "hybride culturel" est prêt à brader ses repères et références culturels et cultuels qu'il juge en son for intérieur "archaïques" pour sembler plus "moderne" aux yeux du monde occidental. Cet Occident qui ne manque pourtant jamais l'occasion pour nous infantiliser et nous renvoyer à notre statut d'"indigènes". 
 
A l'heure où le terrorisme djihadiste nous touche de plein fouet, dans notre chair et dans notre âme. A l'heure où le terrorisme islamiste, personnifié par Daesch, achève de vouer aux gémonies le tourisme national, l'un des piliers de notre économie,... ne serait-il pas plus ingénieux, plus judicieux, d'inculquer à nos enfants les fondements de notre religion basés sur la paix, la tolérance et la concorde. Plutôt que de les laisser devenir des proies faciles des djihadistes qui n'auront aucun mal à leur faire subir le lavage de cerveaux que l'on sait ? Et les preuves sont légion.
 
Si la Tunisie est devenue aujourd'hui, par malheur, l'un des premiers producteurs d'extrémistes djihadistes dans le monde arabe, n'est-ce pas à cause de l'ignorance des fondamentaux de la religion? Si Bourguiba et Ben Ali avaient méthodiquement insufflé dans l'inconscient collectif du Tunisien des mots "tabous" comme Islam, Coran, mosquée, barbe, voile... N'est-il pas temps de réparer ces "violences" faites à notre intelligence, en inculquant à nos enfants les vraies valeurs de l'Islam. Et quoi de plus noble que le Saint Coran ? 
 
Dr Oumar DIAGANA
 
 

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