Lettre au gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie: le temps d’une réforme ?

Vous êtes sans aucun doute, Monsieur le gouverneur, un économiqte de renommée mondiale, et vous avez, de ce fait, tout notre respect.

La conjoncture de l’économie tunisienne exige, en premier lieu et en toute priorité, de concevoir et d’appliquer des mécanismes conjugués et adéquats de financement, à même de stimuler les investissements. On  se doit de renverser la tendance d’une croissance négative qui a trop duré, et à réinstaurer la confiance chez tous les opérateurs économiques, tant nationaux qu’étrangers.

Une réforme n’est pertinente en soi que par la dynamique qu’elle génère, et par les résultats à court, moyen et long terme, auxquels elle aboutit. Avec obligation de résultat, s’il en faut.

Nous nous devons d’opter pour une stratégie des priorités, s’inscrivant dans une vision globale et nationale, agissant sur tous les paramètres économiques et financiers de manière simultanée.   

Il y a lieu de convenir que nombreux sont ceux qui, à juste titre, ont souhaité la réforme du système bancaire tunisien.

Nombreux sont ceux qui, à juste titre aussi, ont souhaité améliorer la capacité des banques tunisiennes à faire appel aux liquidités Intermarché bancaire ; et en terme d’échelle, à être conformes aux exigences internationales. Longtemps ces exigences sont restées des vœux pieux.  

Notre priorité première, la création d’emplois, passe inexorablement par la création de richesses pérennes, elles-mêmes tributaires de plusieurs paramètres, dont, en particulier l’effort d’investissement. Et ce, soit par une extension d’activités existantes arrivées à maturité, soit par la création de nouvelles activités à forte valeur ajoutée.

Oui, le système financier étranger, partenaire du nôtre, a souhaité la réforme du système bancaire tunisien. Il l’a même plus que conseillé. Nos banques doivent fusionner et opter pour une échelle qui répond aux exigences de l’International.

Nos banques se doivent d’améliorer leurs capitaux propres et leurs réserves, et ce, afin d’améliorer leur capacité de recours aux liquidités Intermarché bancaire. Seulement, et dans une étape aussi sensible que la nôtre, sommes-nous affranchis  de penser au bon timing, certainement pas.                           

Est-ce une fatalité tuniso-tunisienne que de ne concevoir une action que dans un cadre ponctuel, circonstanciel et tronqué ? La réduction des taux d’Intérêt, prise seule, a-t-elle abouti aux résultats escomptés ? Vous avez affirmé le contraire.

On ne peut contester le bien-fondé théorique de la circulaire de la Banque Centrale, invitant les banques à améliorer leurs réserves. En revanche, ce qu’on est en droit de contester, c’est d’une part, l’absence d’une action globale, et d’autre part, l’opportunité discutable du timing.

A-t-on seulement pensé au manque à gagner résultant des dividendes non distribués aux actionnaires des banques. Ces actionnaires se trouvent être aussi et en même temps les patrons des grands groupes tunisiens, et les plus grands investisseurs potentiels. Pourquoi ce non conformisme ?

Pour le bien de notre économie, les grosses fortunes doivent être ménagées, rassurées et encouragées. En contrepartie de quoi, elles doivent s’engager, pas seulement par des intentions, mais bien par des faits tangibles, réels, matériels, pragmatiques et rationnels à injecter et à réinjecter de la richesse. C’est un devoir civique et sacré vis-à-vis de notre Révolution, de notre Tunisie.  

Vous avez souvent évoqué, Monsieur le gouverneur, la résorption pernicieuse et rampante de la liquidité. Votre circulaire se veut l’antidote de ce phénomène. Et c’est théoriquement le cas. Mais, dans la conjoncture actuelle,  et à court terme, n’allons-nous pas aboutir à amplifier ce phénomène, quelle que soit la pertinence de l’action.

Ne serait-il pas judicieux de définir des actions conjuguées pour le court terme, et de reporter l’effet d’annonce à un moment où la conjoncture serait plus favorable … Nous le pensons.

Dans le cadre de ces actions conjuguées, la Bourse ne devrait-elle pas jouer un rôle primordial dans l'économie contemporaine. Les entreprises se devraient d’y trouver une partie des capitaux nécessaires à leur expansion. Il y a lieu de dynamiser cette activité vitale, mais demeurée en-deçà des attentes.

La Bourse de Valeurs doit contribuer à cette politique génératrice de richesses. La Bourse  se doit de jouer le double rôle qui est le sien. A savoir être à la fois un lieu de financement pour les entreprises, mais également un lieu de placement (investisseurs).

Le système bancaire joue un rôle moteur primordial. Il doit l’assumer dans sa globalité et en toute intelligence impartiale, sans aucun prisme déformant.

S.M