Liberté de la presse : RSF épingle Seifeddine Makhlouf et sa coalition
La Tunisie est passée de la 72e à la 73e place dans le classement mondial de la liberté de la presse au titre de 2021, établi par Reporters Sans Frontières (RSF) et présenté, ce mardi, au cours d’une conférence de presse à Tunis. Le classement concerne 180 pays.
Il s’agit du premier recul de la Tunisie depuis 2011.
Les journalistes et les médias de la région d’Afrique du Nord évoluent par ailleurs dans un environnement de plus en plus complexe, voire hostile. La Tunisie, pourtant plutôt bien positionnée ces dernières années par rapport à ses voisins, perd une place au Classement 2021, en raison notamment de la montée du discours de haine contre les médias alimentés par les parlementaires d'extrême droite. Depuis son élection en 2019, le chef de la coalition islamiste et populiste Al Karama, Seifeddine Makhlouf, s’en prend régulièrement aux journalistes en les agressant verbalement dans l’enceinte même de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et sur les réseaux sociaux, en les traitant de “médias de la honte”, de “menteurs” ou encore de “canailles voulant détruire le pays et la révolution”.
A cela s’ajoutent, des nominations « parachutées » à la tête des médias publics et un financement « suspect » des médias privés.
De manière générale, la Tunisie fait figure d’exception dans ce classement marqué cette année par une régression de la liberté de la presse dans plusieurs pays, y compris les pays démocratiques.
Malgré des réformes retardées dans le secteur médiatique, la Tunisie est la mieux classée en Afrique du Nord.
Elle devance ainsi le Maroc (136e) et l’Algérie qui enregistre la plus forte baisse dans la région (146e).
Cependant, ajoute le rapport, le nouveau cadre légal relatif au secteur médiatique peine à voir le jour depuis quelques années, et le climat de travail des journalistes et des médias s’est sensiblement détérioré, ces deux dernières années.
Pour la cinquième année consécutive, la Norvège est classée au premier rang, même si les médias ont mis en exergue un manque d’accès aux informations publiques sur la pandémie de covid-19.
La Finlande conserve sa place de deuxième, tandis que la Suède (3e, +1) retrouve sa place de troisième, perdue l’année dernière au profit du Danemark (4e, -1).
L’édition 2021 du Classement confirme donc une forme de « domination nordique » ou, sous un angle moins concurrentiel, de « modèle nordique ».
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