Mon-Dial 4
Tirer n’est plus d’actualité dans notre foot. Ce geste essentiel qui consiste à botter dans un cuir, jusqu’à ce que filets tremblotent ne va plus de soi. Il est de moins en moins entrepris par nos joueurs locaux. Or qu’est-ce que le soccer si ce n’est tirer ?! Darwinisme footbalistique ou jeu à l’économie ? Bien malin, qui croit y répondre. Le tir fulgurant, sec, enveloppé……n’est supplanté par rien, dans ce que les éducateurs de foot chez-nous, appellent méthode globale et méthode analytique. La première met le joueur en situation et lui apprend le geste global, la seconde fractionne l’action pour un chaînage progressif. Ni l’une ni l’autre ne parait toutefois, apprécier le « Tir » à sa juste valeur. Organiser le jeu autour du fameux « shoot ». Ni l’une ni l’autre n’arrive à cadrer son tir….
De par sa fonction et sa structure, le tir est fondamental. Il clôture la progression vers les buts, conclue une possession efficace, réalise l’objectif d’une séquence de jeu. Qu’il s’agisse d’un coup de pied, d’un pointu, d’un intérieur ou d’un extérieur, tirer est l’action principale d’une phase offensive. Aussi bien en contre qu’en attaque placée. Des buts peuvent arriver sur une cuisse malheureuse ouun genou heureux, mais les buts les plus sûrs, les plus plastiques, les plus beaux, les plus incontestables et les plus grisants demeurent les tirs.
Procédons par élimination. Il ne s’agit pas de n’importe coup de patte. Il s’agit du choix délibéré, réfléchi, de botter, après examen rapide de la situation et anticipation sur la trajectoire de la balle. Il est question de tir volontaire. Décidé. Résolu. D’action de flexion et d’extension de la patte de frappe. D’exécution rigoureuse d’un geste autoritaire. Epatamment Individuel. Clairement et consciemment choisi, parmi tant d’autres.
Ce tir-là est l’expression d’une maîtrise mentale optimale. Il signifie, tant bien que mal, la sortie de la zone de confort et prouve une stabilité émotionnelle nécessaire au développement du jeu. Un player qui shoote en pleine lucarne, aurait déjà réussi toutes les tâches motrices précédentes : récupération, contrôle, gestion de l’espace, conduite, dribble… Il n’en aurait pas moins réussi les différentes étapes mentales : perception, stabilité affective, anticipation, choix, exécution….
Pourquoi alors ce geste consubstantiel du soccer, fait-il cruellement défaut ! Est-ce la formation ? Le dogme du résultat ? La chiboubisation endémique du foot ?
S’ils veulent aller loin, les aigles ne doivent pas ménager leurs jambes !
Jamel HENI
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