Où est passé Néji Jalloul : a-t-il refusé le poste d’ambassadeur à Vienne ?
Néji Jalloul l’ancien ministre de l’Education a occupé la scène politico-médiatique tout au long de ses dernières années, en tout cas de sa nomination à ce poste au lendemain des élections législatives de fin 2014, dans le gouvernement Habib Essid et jusqu’à son limogeage sans surprise le 1er mai 2017 par Youssef Chahed sur insistance de l’UGTT qui refusait tout contact avec lui en raison de ses différends multiples et variés avec les syndicats de l’enseignement de base et du secondaire.
L’homme qui a multiplié les apparitions médiatiques car il considérait que la politique est une campagne électorale permanente a acquis une place particulière auprès de l’opinion publique qui lui sait gré d’avoir tenu tête aux syndicats. Ainsi il est devenu dans les enquêtes d’opinion le plus populaire des hommes et femmes politiques devançant même le Président de la République et le Chef du Gouvernement.
Depuis son départ du Boulevard Bab Benat on en a peu entendu parler. L’homme si prolixe a décidé peut être de « donner du temps au temps » selon la formule d’un des hommes politiques français François Mitterrand qu’il a l’habitude de citer. D’évidence, il se mettait en réserve de la république, autre formule qu’on doit au Général de Gaulle à propos de son successeur Georges Pompidou lorsqu’il a décidé de le remplacer au lendemain des événements de mai 1968.
Néji Jalloul s’est fait si discret qu’on était à la recherche de toute nouvelle le concernant. Au début le bruit a couru qu’il envisageait de créer son propre parti politique à l’exemple de son ex-collègue Saïd Aïdi dont la tête a été demandée aussi par la centrale syndicale. Transfuge du PDP rebaptisé Al-Joumhouri avant de rejoindre parmi les premiers Nidaa Tounés (c’est Béji Caïd Essebsi qui lui remit sa carte d’adhésion), il aurait été tenté de sauter le pas et de créer sa propre formation. Mais les jours ont passé sans que la chose ne se concrétise.
Samedi dernier la nouvelle s’est propagée comme une traînée de poudre dans le microcosme politico-médiatique. Néji Jalloul a été nommé ambassadeur de Tunisie à Vienne, a-t-on rapporté sur la foi de sources bien introduites dans le sérail. Il faut dire que dans la liste du mouvement des chefs de poste diplomatiques l’ambassade de Vienne était restée vacante depuis le retour de son dernier titulaire Ghazi Jomaa fin 2016. Selon les informations données le poste reviendrait à un homme politique à l’opposée des 21 autres pourvus par des diplomates de carrière.
De plus le poste de Vienne a été, sous Bourguiba comme sous Ben Ali occupé par des politiques en rupture de ban comme feu Daly Jazi lors de son passage du MDS au RCD ou l’ancien ministre de l’Intérieur Habib Ammar nommé à ce poste après son limogeage et une courte traversé du désert avant son retour aux affaires.
Mais l’information concernant Néji Jalloul était restée sans confirmation. D’après certaines sources, la proposition a bien été faite à l’ancien ministre de l’Education qui a demandé à réfléchir avant de refuser le poste.
D’ailleurs un post a été remarqué sur la page de Néji Jelloul sur facebook où il partage une photo le montrant attablé avec deux de ses amis avec cette légende : Rencontre avec les amis Néji Jalloul et Jawhar Jamoussi et discussion sur les airs de la célèbre chanson (de la cantatrice Ismahan) : Layali el-ouns fi Vienna. Ce qui laisse à penser que Jalloul préfère rester à Tunis que d’aller à la capitale autrichienne malgré l’attraction du lieu.
D’autres informations laissent entendre que Néji Jalloul retrouverait le gouvernement lors du prochain remaniement ministériel dans un poste régalien où il n’a pas de contacts ni avec les syndicats ni avec l’UGTT, ce qui semble désigner le ministère de la défense nationale. Ce serait pour lui un poste d’importance majeure mais aussi un lieu d’observation privilégié s’agissant d’un ministère complètement huilé où les choses marchent d’elles-mêmes.
Il ne fait pas de doute que Béji Caïd Essebsi veut garder un homme comme Néji Jalloul dans son giron. Youssef Chahed n’a pas intérêt à ce qu’il fasse de lui un opposant dont l’hostilité peut lui causer du tort. Ça tombe bien Néji Jalloul veut lui aussi ne pas quitter les cercles du pouvoir car il s’est rendu compte que son éclipse de quelques mois a sérieusement érodé sa popularité qui est désormais déclinante après avoir atteint des sommets.
RBR
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