A partir de l’ONU, Bouchamaoui appelle à éviter tout amalgame entre l’Islam et le terrorisme
La présidente de l’UTICA Wided Bouchamaoui a un calendrier très chargé ces derniers jours. Après sa participation hier à la 18 ème édition de l’Université d’été qu'organise la centrale patronale française (MEDEF), depuis hier sur le campus d’HEC à Jouy-en-Josas en France, elle a participé ce matin au siège des Nations Unies à New York au Forum de haut niveau des Nations unies sur la culture de paix.
Après le mot de bienvenue inaugural du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, Bouchamaoui a fait un discours éloquent dans lequel elle a appelé à l’instauration d’une véritable culture de paix dans un monde où trop de régions sont déchirées par les guerres et des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, rappelant que la Tunisie est toujours considérée comme une exception, c’est parce qu’elle mène une bataille au quotidien pour construire une Tunisie nouvelle ou différente, où régnera un état de droit et une justice indépendante, tout en jetant les bases d’un développement politique, social, culturel et économique
fécond.
"Mon pays est plus que jamais au cœur de l’alchimie de la culture de la paix telle qu’énoncée dans la Déclaration et le Programme d’action sur une culture de la
paix à la 53ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Oui, notre ambition collective est celle de l’excellence : celle d’une vie meilleure,
où jour après jour,nous œuvrons à asseoir et à promouvoir les droits de l’homme et les libertés individuelles ; à renforcer lesprincipes de justice, de démocratie,
d’égalité, de tolérance et de Dialogue.C’est dire combien notre action, tant à l’échelle personnelle que commune, est traversée de convictions porteuses et
exaltantes que d’humilité nécessaire et salvatrice face aux défis majeurs que nous devons affronter et qui sont comme autant de plaies qui menacent la paix
de nombreux pays aujourd’hui.
Car, ce qui fait le cœur de la culture de la paix c’est précisément la capacité collective à ne pas désespérer de la paix, à en faire un horizon du possible et non
pas seulement un idéal ; à en bâtir les arguments, les forces et les ressorts et non pas seulement à en décrire les atouts et les bienfaits. Et quel plus belle instance que celle des Nations Unies, et à plus forte raison son programme de « culture de la paix », pour réaffirmer combien l’esprit et la lettre de ces objectifs
permettent de lier l’espoir de l’idéal à une action de conviction et de résultats", a déclaré Bouchamaoui.
Et d'ajouter: "A un moment où le processus de démocratisation était en danger en Tunisie en raison d'assassinats politiques et de vastes troubles sociaux, le Quartet du dialogue national a organisé en 2013 un long et difficile "dialogue national" pour désamorcer la crise de 2013 et sortir notre pays d'une paralysie institutionnelle sans précédant. La Tunisie est considérée comme une exception, et ce du fait que nous avons su - à temps - éviter les conflits par le biais du dialogue et du compromis. Ce que nous avons réalisé est si exceptionnel que le Comité Nobel a jugé notre action exemplaire en nous décernant le Prix Nobel de la Paix 2016.
Si aujourd’hui la Tunisie est toujours considérée comme une exception, c’est parce qu’elle mène une bataille au quotidien pour construire une Tunisie nouvelle
ou différente, où régnera un état de droit et une justice indépendante, tout en jetant les bases d’un développement politique, social, culturel et économique
fécond et accéléré."
Bouchamaoui a aussi appelé à éviter de faire l’amalgame entre l’islam et le terrorisme: "Je fais un appel à vous tous pour éviter de faire l’amalgame entre les terrorismes et l’islam.Nous sommes victimes d’un problème sémantique en désignant les terroristes par islamistes (en se référent à l’islam), ce qui entraîne d’emblée, dans les esprits, une confusion entre le croyant musulman respectant son prochain et pratiquant sa religion dans la sérénité et le djihadiste prêt à se faire sauter en tuant des innocents. Je pense qu’il faudrait appeler un chat un chat : le terroriste est avant tout un assassin,un criminel et un malfaiteur et j’ajouterai même un imposteur qui manipule l’islam."
Bouchamaoui n'a pas manqué de rendre un vibrant hommage à la femme tunisienne: "Nous avons une longue histoire de la femme tunisienne qui a joué un rôle actif et dynamique dans la société et particulièrement sous le Président Habib Bourguiba qui a promu le Code du statut personnel en Tunisie en 1956, Code qui a indiscutablement permis l’émancipation de la femme en Tunisie. A cela s’ajoute toujours en 1956, la démocratisation et la gratuité de l’enseignement, la planification familiale qui a permis une maîtrise démographique aidant ainsi le pays à réaliser son développement.
La femme tunisienne jouissait dès 1956 du droit au divorce, du droit à l'avortement ainsi que du droit de vote et ce bien avant certains pays européens. A cette émancipation est venue s'ajouter la forte personnalité et l'indépendance de la femme tunisienne. La nouvelle Constitution de la Tunisie, promulguée au début 2014, protège les droits acquis en se référant à ce Code du Statut personnel (de 1956)."
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