Plus de 16 000 tunisiens ont obtenu la nationalité française au cours des dernières années
Dans une précédente chronique intitulée " l’hémorragie des jeunes cerveaux continue", nous avons cité Kamel Sahnoun, le doyen des ingénieurs tunisiens qui a annoncé un chiffre qui fait froid au dos: "plus de 6 500 ingénieurs quittent le pays chaque année, ce qui représente une perte annuelle de 650 millions de dinars. Selon lui, la formation d'un ingénieur tunisien coûte 100 mille dinars aux contribuables."
En fait, depuis 2011, ce ne sont pas seulement les pauvres hères entassés dans des embarcations de fortune, chavirant au large, devenues tristement légion, qui ont décidé de fuir le pays. Le mal est encore plus profond et il devient ancré dans notre pays au cours des dernières années. La tendance se trouve, même inversée puisque ce sont les jeunes diplômés dans diverses spécialités qui profitent de la moindre opportunité pour faire leur vie ailleurs.
Ces jeunes diplômés qui cherchent leur vie ailleurs, ont le plus souvent tendance à s’installer dans le pays d’accueil et obtenir sa nationalité. D'ailleurs , la plupart des pays européens et notamment la France et l'Allemagne ont fait de l’immigration choisi un choix pour combler le manque de cadres dans différentes spécialités comme la médecine et l'ingénierie.
Il y a deux principales manières d'obtenir la nationalité française : la déclaration de nationalité et la naturalisation.
La déclaration concerne ceux qui sont mariés ou qui ont un lien avec un lien de parenté avec une personne française (descendant(e): Enfant, petit-enfant, arrière petit-enfant, frère ou sœur...).
Par contre, la naturalisation est soumise à plusieurs conditions, en particulier de durée de résidence en France qui doit être de cinq ans ou moins ou un réfugié politique.
Toutefois, un dossier de demande de nationalité est complexe à monter, chaque document a son importance et une simple erreur aboutira à un refus ou ajournement. Courant 2024, les lois sur la nationalité française vont évoluer et considérablement se durcir.
Cette complexité n'a pas empêché des milliers de jeunes maghrébins, ( marocains, algériens et tunisiens) de postuler à ce fameux césar.
Selon les statistiques des services du ministère français de l'intérieur, 85 176 personnes nées dans les trois pays du Maghreb ont été naturalisées entre 25018 et 2023 sur un total de 323 952 immigrés répartis sur plus de 150 pays. Sans compter celles qui sont nées en France.
Ce sont les Marocains qui arrivent en tête avec 36 972 naturalisations, suivis des Algériens avec 32 050 puis les Tunisiens avec 16 134.
Comparés à la population totale ( 12 millions), le nombre des Tunisiens serait plus important que ceux des Marocains ( 36 millions) et des Algériens( 45 millions).
Les années 2021 et 2022 ont connu une évolution notable des naturalisations parmi les ressortissants de trois pays.
Tableau:
2018 2019 2020 2021 2022 2023
Marocains 5 864 5 463 4 915 8 841 7 066 4 823
Algériens 6 422 5 282 4 257 6 928 5 690 3 471
Tunisiens 2 608 2 273 2 024 3 962 3 144 2 144.
Au cours des deux premiers mois de 2024, 132 Tunisiens ont obtenu la nationalité française, contre 449 Algériens et 680 Marocains.
B.O.
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