Poutine garde les clés du Kremlin
Victorieux de l'élection présidentielle avec plus de 76% des voix selon les premiers résultats partiels, Vladimir Poutine garde donc les clés du Kremlin pour un quatrième mandat, soit jusqu'en 2024, année de ses 72 ans. Ex-officier du KGB, Vladimir Poutine est arrivé en 2000 à la tête d'un pays au pouvoir instable et à l'économie défaillante. Loué par nombre de ses concitoyens pour avoir été l'homme de la stabilité et d'une nouvelle prospérité, grâce à une manne pétrolière conséquente, il est vilipendé par ses détracteurs pour un net recul des droits de l'Homme et des libertés.
Jubilant face à des centaines de partisans réunis par des températures glaciales à Moscou, il a salué son score comme montrant « la confiance et l'espoir » des Russes. Devant ses partisans réunis à deux pas du Kremlin, il a remercié les Russes tout de suite après l'élection, voyant dans cette large victoire « la confiance et l'espoir de notre peuple ».
Sur la scène internationale, celui qui avait qualifié la disparition de l'Union soviétique de « plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle » s'est employé à restaurer l'influence de la Russie dans le monde, mise à mal après la chute de l'URSS et les années chaotiques du règne de Boris Eltsine. Sa méthode ? Une lutte patiente et obstinée, à l'affût de signes de faiblesse de l'adversaire, expliquait en 2013 ce huitième dan de judo, répondant à un Russe qui lui demandait de tout faire pour enfin « rattraper et doubler » l'Amérique, un vieux slogan de l'époque soviétique. Une technique appliquée avec succès en Syrie, où l'intervention militaire de la Russie depuis 2015 en soutien au régime de Damas a changé le cours de la guerre et permis au président Bachar al-Assad de rester au pouvoir, au grand dam d'Occidentaux quelque peu dépassés.
L'année précédente, Vladimir Poutine avait endossé les habits de restaurateur de la "grande Russie" en annexant la péninsule ukrainienne de Crimée, après l'intervention des troupes russes et un référendum jugé illégal par Kiev et les Occidentaux. Cette opération a accru son prestige à domicile mais elle a déclenché la pire crise depuis la fin de la Guerre froide entre Russes et Occidentaux, qui accusent en outre Moscou de soutenir militairement une rébellion séparatiste dans l'est de l'Ukraine, ce que le Kremlin dément. Aux tensions sur la Syrie et l'Ukraine se sont ajoutées à partir de l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis des accusations d'ingérence dans la présidentielle américaine et plus récemment une crise sans précédent avec Londres après l'empoisonnement d'un ex-espion russe réfugié en Angleterre.
Passionné de sport, le président russe a aussi cherché à imposer son pays, qui accueille cet été le Mondial de football, comme une puissance sportive. En 2014, la Russie avait organisé les jeux Olympiques d'hiver les plus chers de l'histoire dans la station balnéaire de Sotchi. Mais les rêves du Kremlin sont assombris par des accusations de dopage institutionnalisé --qu'il rejette-- depuis la sortie du rapport McLaren en 2016.
AFP
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