Pr Leila Abid : La mort subite est un fléau majeur de santé publique en Tunisie.
La société tunisienne de cardiologie et de chirurgie CV (STCCCV) a organisé une journée de sensibilisation et de formation sur « la prévention de la mort subite » le 28 Juillet 2020 qui avait comme objectif de sensibiliser le grand public sur l’intérêt de la prévention de la mort subite, l’apprentissage des premiers gestes de sauvetage et au bon usage d’un défibrillateur au sein d’une entreprise ou dans un lieu public en cas de situation nécessitant le secourisme d’une personne en situation d’arrêt cardiaque.
Pr Leila Abid, présidente de la STCCCV a précisé que La mort subite est un fléau majeur de santé publique. Chaque année, la mort subite de l’adulte, est responsable de 40 000 à 50 000 décès et représente une cause de mortalité dix fois plus importante que les accidents de la route. Il existe un pic de fréquence entre 45 et 75 ans (1/3 âgés de moins de 55 ans). Elle survient 3 à 4 fois plus souvent chez l’homme que chez la femme.
Dans plus de 90 % elle est d'origine cardiaque dominée par la maladie coronaire (75%). Le mécanisme de la mort subite est un trouble du rythme ventriculaire (fibrillation ventriculaire ou tachycardie ventriculaire) dans plus de 80%. Le tabagisme, l'excès de cholestérol, une surconsommation d'alcool, l'absence d'activité physique, le diabète, l'hypertension artérielle, l'obésité et le stress exposent à ce risque. Chez les moins de 45 ans, la mort subite pourrait être liée à une maladie cardiaque héréditaire non-détectée. Par ailleurs, les sportifs de haut niveau peuvent être frappés par une mort subite.
Comment prévenir la mort subite ?
Les meilleurs moyens pour sa prévention c'est la prise en charge des facteurs cardio-vasculaire (arrêt Tabac, perdre du poids, équilibre du Diabète, équilibre de l’Hypertension artérielle, faire une activité sportive régulière…)
Un référentiel tunisien a été établi pour prévenir la survenue et la prise en charge de la mort subite survenant en milieu scolaire et universitaire, ajoute Pr Afef Ben Halima, et Pr Sana Ouali, rythmologues et membres du bureau de la STCCCV
Mises à part les campagnes de sensibilisation du grand public "aux gestes qui sauvent", l'installation de défibrillateurs automatiques dans certains lieux publics et le fait d'inviter les personnes à effectuer régulièrement des examens de dépistage des maladies du cœur à partir de l’âge de 40 ans " .Dr Fadhel Ghouil, de GMF assistance, a déclaré que la formation au secourisme et la présence et le bon usage des défibrillateurs semi-automatiques par les citoyens peuvent améliorer le pronostic des victimes de mort subite. Dans 60 % à 70 % des cas, un témoin est sur place, mais seulement 40 % à 50 % d’entre eux commencent un massage cardiaque et moins de 1 % font usage d’un défibrillateur cardiaque. Les pays anglo-saxons et scandinaves présentent un taux de survie de 20 % à 40 % des victimes d’un arrêt cardiaque inopiné contre seulement 3 % à 4 % en France et certainement ce taux est moindre en Tunisie, en raison d’un manque crucial de connaissance des comportements qui sauvent et dépend en grande partie de l’intervention rapide des premiers secours (chaque minute compte)
La Tunisie se situe loin derrière les pays européens quant au taux de survie des victimes d’un arrêt cardiaque. Afin de remédier à ce constat, une proposition de loi visant à lutter contre la mort subite, à implanter des défibrillateurs dans les espaces publiques et à sensibiliser la population aux gestes qui sauvent « avec la création du statut citoyen sauveteur portant secours à une personne en situation d’arrêt cardio-respiratoire » a été déposé au Parlement est en attente d’approbation
Et pourquoi pas créer une Journée nationale de lutte contre l’arrêt cardiaque « Une population mieux formée permettrait sans aucun doute à des milliers de vies d’être sauvées », a souligné Pr Leila Abid
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