Privatisation des plages publiques et règne de la gabegie dans les villes côtières
La vie du Tunisien est de plus en plus compliquée. Même pour accéder à la plage dans cette période estivale, il doit affronter de nombreux obstacles et payer pour se baigner. Son calvaire commence avec les gardiens de parking et les plagistes autoproclamés qui ont squatté les plages pour se placer en tant que propriétaires des espaces publics !
Dans beaucoup de villes côtières, ces bandes de désœuvrés et de voyous à la recherche du gain facile, imposent leur loi en toute impunité pour taxer lourdement les familles qui veulent s’offrir une journée à la plage et le paisible père de famille n’a qu’à s’exécuter ou rentrer chez lui.
Bien que les lois soient claires et assurent que les plages et leur accès sont gratuits et malgré les consignes du ministère des Affaires locales et de l’environnement pour les appliquer, ainsi que les efforts de certains responsables régionaux pour mettre fin à ce règne de la gabegie, la situation est très compliquée dans la majeure partie des villes côtières.
Dans certaines localités, les responsables des délégations spéciales ont pourri la situation en recherchant la fameuse paix sociale. Ainsi en voulant «partager la poire en deux» en permettant à ce genre de désœuvrés ou de voyous de s’installer pour travailler dans des espaces réduits et sous certaines conditions, ils ont encouragé cette gabegie.
En effet, très rares sont ceux qui ont respecté les cahiers de charge et les conditions de travail sur les plages, puisque la majorité ont dépassé toutes les limites et ont imposé leurs propres lois aux pauvres estivants.
Dans d’autres villes, les problèmes se sont amplifiés à cause des différends entre les habitants de ces régions et les estivants venus d’ailleurs ou entre les propriétaires des résidences privées situées en front de mer et les estivants qui veulent accéder à ces mêmes plages publiques.
Que ce soit à Hammamet, à Nabeul, à Rafraf, à Maâmoura, à Kelibia, à Chatt-Meriem, à Sousse, à Gammarth ou dans de nombreuses autres villes côtières, la situation a dégénéré à de nombreuses reprises lorsque les habitants et particulièrement les propriétaires des résidences privées ont interdit l’accès aux périmètres des plages jouxtant leurs propriétés aux estivants.
Certains parmi eux sont même arrivés jusqu’à installer des obstacles (portes ou barrières) gardés par des vigils pour empêcher les estivants d’accéder aux plages.
Selon ces propriétaires, ces lieux sont aménagés et doivent être réservés exclusivement aux occupants des résidences. Ils estiment qu’ils doivent être interdits aux estivants venus d’ailleurs considérés irresponsables et peu respectueux de l’environnement et des règles de l’hygiène.
Les estivants, pour leur part, se sont toujours révoltés contre ces pratiques estimant qu’il n’est pas du droit des riches propriétaires des résidences de privatiser le front de mer, de leur interdire d’accéder aux plages publiques et de les priver de leur droit élémentaire de se baigner dans cette période de grande chaleur.
Malgré les interventions des autorités locales, ce problème d’accès aux plages n’est pas encore résolu puisque chacun veut faire à sa guise et imposer ses propres lois.
C’est pour cela qu’il est plus que jamais nécessaire de réviser la loi du littoral, d’aménager de vrais complexes de loisirs estivaux dotés de toutes les commodités et de respecter les plages publiques pour mettre un terme à ce règne de la gabegie sur les plages tunisiennes qui représente une réelle menace pour le tourisme balnéaire.
Kais Ben Mrad
Votre commentaire