Problématique de l'écrasement du pouvoir d'achat en Tunisie
L’érosion du pouvoir d'achat constitue aujourd’hui l’une des préoccupations majeures du gouvernement, après le chômage.
En effet, il devient quasiment clair que l'inflation galopante que nous observons de jour en jour est en grande partie imputable à une manœuvre de manipulation volontaire par:
1. des intermédiaires-spéculateurs s'évertuant à assécher le marché des fruits & légumes, pour faire flamber les prix (prise d’assaut de la production sur les sites agricoles, avec stockage dans des dépôts).
2. des intermédiaires-revendeurs pour les marchés extérieurs, qui s'activent à rafler la marchandise à des prix élevés, surtout quand le débouché est demandeur à tout prix.
3. des crédits à consommation, qui continuent à être accordées par les banques à la clientèle des particuliers (au détriment des
entreprises), ce qui stimule la demande sur le marché des biens ménagers.
Ces 3 phénomènes ne semblent pas être synchrones par pur hasard. Bien au contraire, l’impression générale laisse présager une coordination diabolique entre ces 3 leviers. Leur conjonction érode sérieusement le pouvoir d'achat.
Comme conséquence, nous craignons une persistance de l’envolée des prix pouvant causer le détachement vers le bas de la classe moyenne, et l'amplification de l'exaspération de la classe pauvre qui ne s'en sort plus. Bien sûr, les conséquences pourraient très graves, voire plus que catastrophiques.
Une visite inopinée effectué par le Président de la République le jeudi 26 avril au marché de gros de Bir El Kassâa, a permis de relever les faits saillants suivants :
- un sentiment de la baisse injustifiée des flux rentrants en produits frais,
- un renchérissement abusif des prix de fruits et légumes,
- une dégradation de la qualité moyenne des produits distribués.
D’après certains grossistes, le phénomène d’approvisionnement du marché libyen n’est pas le principal facteur provoquant la flambée des prix de fruits et légumes. En revanche, ils pointent du doigt les intermédiaires (Habbatas et Gacharas) qui s’activent à :
- conserver le monopole d’approvisionnement auprès des fermes agricoles;
- détourner une partie de la production agricole du circuit formel, à des fins spéculatives;
- sur-stocker les produits détournés, en vue d’assécher le marché.
Un sérieux Plan d’Action doit être entrepris par le Ministère du Commerce :
1.formation d’un comité de pilotage, présidé par Ministre du Commerce (hebdomadaire);
2.instauration d’un reporting modulaire à renseigner quotidiennement par les marchés de gros;
3.inspection systématique des espaces de distribution de produits frais;
4.communication sur les peines à infliger aux éventuels transgresseurs;
5.rappel des sanctions disciplinaires imposées aux contrevenants;
6.activation de mesures punitives, avec l'injonction formelle le cas échéant.