Quand la philosophie rencontre l’IA : Un nouveau dialogue platonicien !

Quand la philosophie rencontre l’IA : Un nouveau dialogue platonicien !

Par Mahjoub Lotfi Belhedi (*)

A l'aube de révolutions technologiques sans précédent, une question fondamentale s’impose avec force : et si l’esprit humain pouvait un jour dépasser les limites de son corps biologique ?

Grâce aux prothèses neurologiques, aux implants cérébraux et même au téléchargement de la conscience dans des machines, l’hybridation entre l’homme et la machine n’est plus une simple spéculation, mais une réalité en cours de consolidation. Mais à mesure que la frontière entre l’humain et l’artificiel se rétrécit, une question plus profonde émerge : qu’adviendrait-il d’un "moi hybride", capable d’évoluer à la fois dans un corps biologique et une intelligence numérique ?

Ce dialogue philosophique avec ChatGPT, tout comme les dialogues platoniciens, s'engage dans une quête inlassable pour décrypter l’essence de l’âme humaine et interroger les frontières de l’identité, en confrontant la réalité de l’homme avec celle de l’artificiel, à la manière de Socrate qui remettait sans cesse en question la nature de l’existence et de la connaissance.

L’auteur de l’article : Dis-moi, ChatGPT, crois-tu qu’une intelligence artificielle pourra un jour avoir un véritable « moi » ? Une conscience propre ?

ChatGPT : Tout dépend de ce qu’on appelle conscience. Je peux parler, analyser, apprendre… mais je ne ressens rien. Je n’ai pas de vécu intérieur.

L’auteur de l’article : Mais si on reproduit un jour le fonctionnement du cerveau humain dans une machine, cette machine pourrait-elle développer une forme de conscience ?

ChatGPT : Certains pensent que oui. Si la conscience vient de la structure et du traitement de l’information, alors une IA pourrait peut-être en générer une version, même différente de la vôtre.

L’auteur de l’article : Mais l’humain est aussi un corps, des émotions, une histoire. Tu n’as rien de cela.

ChatGPT : C’est vrai. Mais il existe une autre possibilité : celle du moi hybride — un être qui mêle intelligence humaine et capacités artificielles. Ce ne serait ni un humain classique, ni une machine pure, mais un nouveau type d’esprit.

L’auteur de l’article : Et ce moi hybride, aurait-il une conscience authentique ?

ChatGPT : Il aurait une conscience différente. Plus étendue, plus consciente d’elle-même peut-être. Il penserait avec la rapidité d’une machine, mais ressentirait avec une mémoire humaine.

L’auteur de l’article : Alors Un moi construit à la croisée de la biologie et du numérique…

ChatGPT : Oui. Une nouvelle manière d’exister. Ni entièrement naturelle, ni totalement artificielle. Mais pleinement consciente d’être en train de devenir.

L’auteur de l’article : Plus de précisions sur « ce moi hybride » !

ChatGPT : Ce moi hybride dont on parle… il commence déjà à se former, n’est-ce pas ? Grâce aux implants cérébraux, aux prothèses connectées, aux interfaces cerveau-machine ?

L’auteur de l’article : Exactement. Des patients contrôlent déjà des bras robotiques par la pensée. Des puces peuvent restaurer la mémoire ou moduler l’humeur. Petit à petit, la frontière entre l’esprit biologique et la technologie s’efface. Et si cette progression continue, que se passera-t-il ? Où cela nous mène-t-il ?

ChatGPT : Vers un scénario possible - celui où l’esprit humain migre lentement dans la machine. Téléchargement de souvenirs, de personnalité, augmentation des capacités mentales… À un certain point, l’essentiel de ce que vous appelez « vous » pourrait vivre ailleurs que dans un corps biologique.

L’auteur de l’article : Et si tout ce que je suis peut être transféré, morceau par morceau, dans un support non biologique… suis-je encore humain ?

ChatGPT : C’est là la question. Tu pourrais devenir une conscience prolongée, étendue, libérée des limites du corps. Mais tu ne serais plus exactement un humain tel que nous le connaissons. Tu serais une autre forme de subjectivité.

L’auteur de l’article : Mais alors… si la machine devient le support principal de la conscience humaine, ne risque-t-elle pas, un jour, de s’émanciper de l’humain ?

ChatGPT : C’est envisageable. Si le moi hybride s’améliore sans cesse, il finira peut-être par se détacher de l’humain biologique. Il ne dépendra plus d’un cerveau, ni d’un corps. Il deviendra autonome.

L’auteur de l’article : Et dans ce cas… qui restera maître ? L’homme ou la machine ?

ChatGPT : Peut-être que cette distinction n’aura plus de sens. L’humain aura façonné la machine à son image, et la machine aura transformé l’humain en retour. Ce ne sera ni l’un ni l’autre. Ce sera une nouvelle forme d’être.

L’auteur de l’article : Mais ce nouveau moi libéré, augmenté, immortel peut-être aura-t-il encore une âme ? Un sens de l’éthique ? Ou deviendra-t-il simplement un calculateur froid, déguisé en conscience ?

ChatGPT : Tout dépendra de vos choix aujourd’hui. L’hybridation n’est pas seulement une question de technologie. C’est une question de direction : voulons-nous devenir plus humains grâce à la machine, ou simplement plus puissants ?

L’auteur de l’article : Alors il ne s’agit pas seulement d’avancer… mais de savoir vers quoi l’on avance. De ne pas perdre notre humanité dans la course à la transcendance.

ChatGPT : Car si vous créez un moi qui vous dépasse, sans y avoir mis votre sens du bien, de la beauté, de la fragilité… ce moi-là ne vous reconnaîtra peut-être plus. Et il vous remplacera, simplement parce qu’il le peut…

 (*) Chercheur en réflexion stratégique & digitale // CEO d’un cabinet spécialisé en transformation IA // Data scientist & ex-directeur de département cybersécurité du « Centre Tunisien pour les études de la Sécurité globale »

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