Que retenir de l’interview de Youssef Chahed à Al Watania 1 et Attessia ?
L’exercice est peu commun. Un chef du gouvernement en fin de mandat qui défend son bilan et prend date pour plus tard. Youssef Chahed chargé d’expédier les affaires courantes s’est adonné à cet exercice au cours de l’interview qu’il a accordée à la chaîne publique Al Watania 1 et à la chaine privée Attessia et qui a été diffusée mercredi soir.
Qu’en retenir ? D’abord, que son gouvernement n’a pas eu les coudées franches et qu’il n’a pas bénéficié du soutien politique qui lui aurait permis de réaliser des résultats probants. Parmi ses réalisations, il a mentionné « une situation sécuritaire maitrisée ». C’était pour lui une priorité car il ne pouvait y avoir d’investissement, ni de croissance dans une situation sécuritaire critique.
Selon lui, les finances publiques se sont améliorées et les tendances sont positives. Mais cela ne s’est pas sans des mesures difficiles, notamment, sur le plan fiscal. « Nous devons réduire le déficit budgétaire, mais cela a conduit à augmenter l’inflation. Nous avons, également, pris plusieurs mesures sociales en faveur des familles démunies ».
Evoquant la lutte contre l’évasion fiscale, Youssef Chahed a estimé que le gouvernement a déployé des efforts dans ce sens. « Mais que voulez-vous que le gouvernement puisse faire lorsque ceux qui ne paient pas leurs impôts ont le droit de se présenter aux élections? Nous n’avons pas eu le soutien politique nécessaire »
Comme on lui faisait remarquer que la situation de la compagnie Tunisair est devenue la risée de tout le monde et que la production de phosphate n’a pas atteint la moitié de ce qui était réalisée en 2010, Youssef Chahed a souligné que « la production du phosphate enregistrée en 2019 est la meilleure depuis la révolution puisqu’on va frôler sinon dépasser les 4 millions de tonnes.
Parlant de sa relation avec le président de la République, Kaïs Saïed, il a affirmé avoir ressenti la sincérité du nouveau chef de l’Etat estimant qu’il est tout à fait naturel qu’il y ait de bonnes relations entre les deux têtes de l’exécutif.
Il a rappelé qu’il a rencontré le chef du gouvernement désigné Habib Jemli auquel il a fait part de son expérience et de la nécessité de bénéficier d’un soutien politique large Toutefois, il a tenu à assurer qu’il n’est pas candidat au poste de ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Jemli comme le bruit en a couru.
Il a défendu les nominations au sein de l’administration que certains ont appelé « les nominations de dernière minute ». « Ces nominations ont été décidées dans le cadre de la continuité de l’Etat, car nous ne pouvons laisser des postes vacants en attendant la mise en place du prochain gouvernement », a-t-il souligné.
Il a conclu, en estimant que toute la classe politique se doit de reconsidérer sa politique, mettant un terme à la fuite en avant et tirer les leçons des résultats des dernières élections en plaçant les jeunes au centre de leurs préoccupations.
Un exercice inutile. Pas tout à fait, car pour l’homme qui se dit « jeune et ambitieux », ce n’est pas la fin mais peut être bien un nouveau départ.
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