A quoi jouent Nessma et Hannibal !?

A quoi jouent Nessma et Hannibal !?
 
La Haute Autorité Indépendante de la Communication et de l'Audiovisuel (HAICA) a accaparé certes bien plus de prérogatives qu'elle en a le droit. C'est un constat clair comme l'eau de roche.
 
En effet, à Espace Manager, nous avons été les premiers à dénoncer certains articles du fameux décret 116 qui donnent des prérogatives inquiétantes à la HAICA et qui lui permettent même de se substituer à la justice. 
 
De nombreux professionnels se sont exprimés à l'époque à ce sujet et ont demandé d'apporter certaines corrections au décret 116 et même au décret 115, avant de les appliquer pour éviter les problèmes et les conflits.
 
Néanmoins, sous la pression de certains syndicats, le gouvernement Laârayedh a été acculé à la mettre en application (la HAICA), avec un engagement des professionnels d'y apporter les retouches nécessaires après les prochaines élections.
 
D'ailleurs, la version modifiée du décret 116 a été même préparée lors de nombreuses réunions tenues au siège de la Présidence de la République et il ne reste qu'à la proposer au prochain Parlement pour la valider.
 
Mais malgré ce constat, on ne peut omettre le fait que la HAICA est devenue, entretemps, une institution Constitutionnelle, et cela est en soi un très grand acquis! 
 
C'est pour cela que toutes les télévisons et les radios doivent se conformer à la législation en vigueur et signer le cahier des charges qui régule le secteur de l'audiovisuel, malgré les manquements.
 
Nessma et Hannibal, les deux seules chaînes qui ont obtenu des licences de télévision privée à l'époque de Ben Ali, ne doivent pas s'estimer au-dessus de la loi et n'ont, légalement, d'autre choix que de se conformer aux procédures comme l'ont fait toutes les autres chaînes télévisées et même les radios privées lancées à l'époque de Ben Ali, à l'instar de Mosaïque FM et d'Express FM.
 
Il faut, cependant, clarifier un point d'une importance capitale, nous ne défendons pas la HAICA, mais force est de constater que, malgré les dépassements et autres dysfonctionnements en son sein, la manipulation de l'information a été très rarement aussi flagrante dans nos murs ces derniers jours.
 
Certains avancent que des tentatives de mettre "hors-service" les chaînes Hannibal, Nessma, Attounissia et Tounesna ont été mises en place dans le seul but de laisser le terrain libre devant les autres chaînes concurrentes. Le but supposé de cette manœuvre est d'exclure ces médias afin que le mouvement Ennahdha puisse évoluer en toute aise et assurer une bonne représentation médiatique, loin de toutes critiques surtout en cette période décisive de compagne électorale.
 
Or, ceci n'est que le fruit d'une imagination sans limites et une manipulation médiatique très bien orchestrée par ses initiateurs. En effet, si l'on se rappelle les conditions de la constitution de la HAICA et si l'on voit sa composition, on peut indiquer, sans risque de se tromper, que cette institution est réellement indépendante et que ses membres sont loin d'avoir des liens avec le mouvement islamiste, pour ne pas dire qu'ils sont en majorité anti-Ennahdha...
 
D'ailleurs, leurs premières décisions étaient d'imposer la révision de toutes les nominations effectuées dans les médias publics audio-visuels faites à l'époque de Jebali et Laârayedh.
 
D'un autre côté, il est insensé de faire gober aux Tunisiens qu'Ennahdha veuille fermer Hannibal pour des raisons de liberté d'expression, alors que cette chaîne ne cache pas son soutien à ce parti et au CPR depuis que Arbi Nasra l'a vendue.
 
Il est inutile dans ce sens de rappeler les couvertures dédiées par Hannibal aux activités d'Ennahdha et du CPR  dont particulièrement celles du Conseil de la Choura...
 
C'est pour cela qu'on est en droit de se demander, aujourd'hui, à qui profite toute cette manipulation de l'opinion publique? Pourquoi certains politiques, à l'instar  Abdelmajid Belaïd, Issam Chebbi et Mahmoud Baroudi, se mouillent dans un sujet qu'ils ne maîtrisent pas du tout?
 
Pourquoi vouloir continuer à faire régner le chaos à tout prix et au profit de qui? Est-ce pour travailler dans l'intérêt d'hommes d'affaires sans scrupules et véreux ou alors pour le compte d'autres parties qui tireraient bien des ficelles depuis les coulisses?
 
Des interrogations à n'en plus finir tant le secteur des médias en Tunisie est contaminé jusqu'à la moelle épinière...!                  
 
Slim Maâtoug