Rached Ghannouchi : oui j’ai aidé les filles de Ben Ali et Kallel
Le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a rencontré ce samedi des directeurs et rédacteurs en chef de médias pour débattre avec eux de la situation générale dans le pays et des questions politiques récurrentes.
Entouré de ses lieutenants, le Ghannouchi nouveau avec un costume sur mesure et une cravate rouge, a insisté sur l’importance de ces rencontres pour renforcer la communication avec les faiseurs d’opinions et concilier son parti avec les médias.
Face à une pléiade de responsables rompus à ce genre d’exercices et qui, par moments, ne l’ont pas ménagé, Ghannouchi est allé au fond des choses, en n’esquivant aucune question, même celles qui fâchent.
Le consensus, ou « tawafek », a été au centre du débat. Le président d’Ennhdha, non seulement, y croit mais il y tient, en raison de la fragilité de la situation qui nécessite beaucoup de tact, de compréhension et de concessions de part et d’autre.
Ses rapports avec le président de la république Béji Caid Essebsi sont guidés par le respect mutuel et la concertation, dans le but de « faire avancer le pays qui ne supporte pas tant de déchirements, de confrontations ou d’exclusions », a-t-il expliqué. « Des pas importants ont été accomplis grâce au consensus que nous voulons le plus large possible et ce consensus est un exemple qui a fait de l’expérience Tunisienne une exception ».
D’ailleurs, a-t-il affirmé, le gouvernement d’union nationale qui est le fruit du « Pacte de Carthage » est « logiquement le gouvernement le plus fort de l’après révolution puisqu’il bénéfice du plus grand soutien de la part des partis, des trois grandes organisations nationales les plus influentes et des composantes de la société. Ce soutien est beaucoup plus que celui dont a bénéficié les gouvernements de la Troïka. Même au sein du parlement, ce gouvernement bénéficie de plus de soutien puisqu’il a l’appui de 73% des députés, alors que pendant le règne de la Troïka, 53% des députés soutenaient les deux gouvernements de Jebali et Laârayedh. Ce qui lui facilite évidement la tâche pour travailler et résoudre les problèmes du pays conformément aux attentes du peuple.»
En réponse aux questions des présents se rapportant aux rapports d’Ennahdha avec les « Destouriens » et ses rencontres avec des symboles de l’ancien régime, dont notamment Abdallah Kallel, Rached Ghannouchi a été clair : « je ne refuse aucune sollicitation », car, a-t-il souligné « le mouvement veut tourner la page du passé et il n’a poursuivi personne en justice. »
Malgré les critiques de certains journalistes présents qui lui reprochaient d’ouvrir ses portes aux symboles de l’ancien régime, Ghannouchi a insisté qu’il est contre l’exclusion et les punitions collectives. Il est allé plus loin en reconnaissant : « J’ai même aidé la fille de Ben Ali qui a été empêchée de partir se faire soigner à l’étranger et qui a été menacée d’exclusion de sa maison, et celle de Abdallah Kallel, médecin de son état, qui m’a sollicité pour être muté à Tunis afin d’être au seuil d’un proche malade. « C’est une question d’ordre humain », parce « qu’aucune âme ne portera le péché d’autrui ولا تزر وازرة وزر أخرى ».
Il est vrai qu'ayant souffert le martyre, certains dirigeants d’Ennahdha, à leur tête Ghannouchi, n’ont pas développé un discours de haine et de vengeance, mais plutôt un discours rassembleur et rassurant, apaisant et moralisateur, réussissant même à rallier plusieurs militants de l'ancien RCD. Son groupe parlementaire a poussé pour l’adoption du projet de loi sur la réconciliation administrative, laissant même des plumes.
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