Rached Ghannouchi plaide pour un gouvernement Nidaa –Ennahdha
Dans l’interview accordée à la chaîne Nessma TV et diffusée dans la soirée de dimanche 5 juin, le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi est revenu longuement sur les résultats du dernier congrès de son mouvement qui fête aujourd’hui son 35 ème anniversaire, mais aussi sur l’initiative du président de la République de former un gouvernement d’union nationale. Comme attendu, il n’a pas tari d’éloges sur « son ami » Béji Caïd Essesbsi qui par sa proposition a tiré la sonnette d’alarme. Elle est bien sûr la bienvenue d’autant qu’elle part d’un diagnostic réel de la situation dans le pays. Le président du mouvement Ennahdha prend ses distances du chef du gouvernement Habib Essid. « Nous le soutenons tant qu’il est aux affaires », dit-il comme s’il prenait conscience que ce lundi 6 juin, le président se séparerait du chef du gouvernement dont la candidature a été présentée par Nidaa Tounés, précise-t-il dans un sourire plutôt narquois.
Nidaa Tounes doit choisir le prochain chef du gouvernement
Rached Ghannouchi pour rassurer le chef de l’Etat déclare sans qu’on ne lui pose la question que son mouvement s’en tient aux résultats des élections du 26 octobre 2014. Donc pour lui , le parti Nidaa est toujours premier au parlement et que c’est lui qui désigne le chef du gouvernement quand bien même la constitution donne le droit au président de la république en cas de démission de Habib Essid de nommer « la personnalité la plus apte à former un gouvernement » dans les délais impartis et selon la procédure prévus par la Loi Fondamentale(ndlr)
Il se déclare favorable à un gouvernement Nidaa-Ennahdha pour que ce dernier parti soit comptable de l’action du gouvernement et « de ses erreurs ». « La responsabilité assumée sera au prorata du poids dans le gouvernement » dit-il comme pour dédouaner son mouvement qui n’est représenté que d’une façon symbolique dans l’actuel exécutif. Selon lui l’architecture du gouvernement qui fera l’objet de débat entre les parties prenantes suppose aussi l’intégration d’une manière ou d’une autre des organisations nationales, l’UGTT et l’UTICA auxquelles il ajoute l’Union des agriculteurs qui n’a pas été mentionnée dans les propos du chef de l’Etat.
« Un gouvernement à quatre partis c’est déjà difficile, l’étendre à plusieurs partis, il devient impossible à gérer » dit le président d’Ennahdha pour marquer encore sa préférence. Jamais il ne mentionne les autres partis de la coalition ni d’ailleurs les partis qui n’en font pas partie. Il ne semble pas exclure que le chef du gouvernement soit membre du Nidaa. En tout cas il reconnait à ce parti le droit de présenter un candidat à ce poste.
Par ailleurs, Rached Ghannouchi préconise à la mise en place de réformes structurelles douloureuses pour sortir le pays de la crise dans laquelle elle s’enfonce de plus en plus. Il appelle à l’unité autour du nouveau « gouvernement d’union nationale » qui devrait être formé à l’issue des consultations du chef de l’Etat avec toutes les forces politiques et sociales. Comme il appelle les Tunisiens à ne pas perdre patience malgré la situation économique difficile, assurant que la Tunisie est sur la bonne voie.
Ennahdha a évolué et non changé
Sur un autre plan, il a développé l’idée de la spécialisation adoptée lors de congrès de son mouvement assurant qu’Ennahdha a plutôt « évolué et non changé », affirmant que « ses portes sont ouvertes aux catholiques, aux juifs et à toute personne ayant la nationalité tunisienne ».
Pour lui, désormais, les politiques à se consacrer à la politique, les savants illustres à se consacrer à la religion et les syndicalistes à se consacrer au travail syndical, affirmant qu’Ennahdha s’est spécialisée, depuis son 10e congrès, dans le travail politique et que tout le monde est appelé à respecter cet engagement.
Le président Essebsi doit être satisfait des propos de son compère. Son initiative peut très bien aller à son terme. Reste à Habib Essid d’être plus coopératif. On verra ce lundi 6 juin 2016.
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