Rachid Sfar: Bourguiba n'avait pas exigé la peine capitale contre Rached Ghannouchi en 1987

Rachid Sfar: Bourguiba n'avait pas exigé la peine capitale contre Rached Ghannouchi en 1987
 
Au cours de la cérémonie du 40ème jour du décès du commandant Abdallah Abaab organisée vendredi après midi 17 avril à la bibliothèque nationale par l'association des anciens combattants, l'ancien premier ministre Rachid Sfar  a pris la parole pour revenir sur l'épisode du jugement des islamistes en 1987. A'époque, il était premier ministre et secrétaire général du PSD( Parti socialiste destourien). Volubile comme d'habitude, il a tenu à préciser que c'était le Président Habib Bourguiba en personne qui avait choisi, parmi une liste de députés, Abdallah Abaab et Karim Mastouri pour faire partie du jury de la cour qui devait juger Rached Ghannouchi et les autres dirigeants du mouvment islamiste. Ensuite, il a raconté, comment en sa présence et celle de Ben Ali alors ministre de l'intérieur, Bourguiba avait tout simplement dit à Hechmi Zammel, le président de la cour: " Attention si vous prononcez la peine capitale, je n'accorderai pas ma grâce". Sous entendu, d'après Sfar, faites attention n'allez pas jusqu'au bout. Bourguiba avait-il exigé la peine capitale? Pour l'ancien premier ministre, c'est non.
 
La cour était composée d'un président Hechmi Zammel, et de quatre membres, deux juges et deux députés. La sentence devrait être prononcée à l'unanimité, mais Abdallah Abaab et Karim Mastouri s'étaient opposé à la peine capitale contre Rached Ghannouchi et les autres dirigeants du mouvement." J'en étais informé par le directeur du parti feu Abdelaziz Ben Dhia qui avait reçu les deux députés dans son bureau", ajoute Sfar.
 
À l'issue de ce procès, Ghannouchi est condamné à la prison à perpétuité avec travaux forcés . Cinq peines de mort ont été prononcées par contumace. Les auteurs des attentats de Sousse et de Monastir, en état d'arrestation, ont été, à leur tour, condamnés à la peine capitale et exécutés. 
 
Tous les autres membres du MTI condamnés à ce procès ont été graciés, par l'ancien Président Ben Ali, en 1988.