Rafik Amara (président de la Fondation Kairouan): "Notre but est de revaloriser la ville et en faire un pôle d'attraction"
A l'occasion de la fête du Mouled,"la Fondation Kairouan", "l'Association du Mouled" et d'autres associations ont organisé jeudi et vendredi derniers une série d’animations sur la place de la mosquée "Okba Ibn Nafaa" et sur son minaret.
L’événement qui fut haut en couleur a drainé près de 400 mille visiteurs. Pour en savoir davantage, Espace Manager a rencontré M. Rafik Amara, président de la Fondation Kairouan.
Espace Manager : Quel est but de cet événement organisé au cœur de cette mosquée "sacrée"?
Rafik Amara : Le but de cette manifestation, organisée les 30 novembre et 1er décembre 2017, est de revaloriser la ville de Kairouan en tant que première médina arabo-musulmane et faire renaître la fête du Mouled (naissance du prophète) qui semblait être délaissée ces derniers temps. Ainsi la Fondation Kairouan, qui jouit d'une expérience dans l'organisation des festivals, a participé à cet événement par son encadrement et par l'organisation.
Donc visiblement, ce n'est ni l'Etat ni les partis politiques, mais la société civile qui a organisé cet événement !
Effectivement, tout a été organisé par la société civile. Ni l'Etat, ni les partis politiques, ni les représentants de Kairouan à l'ARP n'ont pris part à l'organisation de cette manifestation qui a drainé environ 400 mille visiteurs.
Malheureusement, quelques hommes politiques et autres représentants de l'Etat ont sauté sur l'occasion en voulant s'approprier cette initiative, et en faisant une liaison absurde avec la visite du chef du gouvernement. Il n'y a rien de tout cela. Par contre, les ministères de la Culture et du Tourisme ont apporté leur petite aide en payant les frais de quelques troupes ayant pris part à l'événement.
Vous dites que la ville de Kairouan souffre d'un délaissement total. Qu'est-ce qui vous pousse à affirmer cela?
Vous savez, depuis les premières années de l'indépendance, Kairouan a été marginalisé et a toujours souffert d'un délaissement total. D'où l'absence d’infrastructures adéquates et de projets capables de créer du travail, ce qui a eu des répercussions négatives sur le développement et l'emploi. Il faut savoir que quelque 17 mille familles ont quitté la région pour s'installer au Grand-Tunis.
Cette marginalisation a fait que le région devienne la première sur le plan des crimes et des suicides (surtout les jeunes). C'est aussi la première région sur le plan de l'analphabétisme et de la pauvreté. Et c’est justement pour cela qu’il faut agir pour que le triste sort de Kairouan change.
Kairouan est aussi la première médina arabo-musulmane en Afrique du Nord avec ses trésors et son patrimoine uniques !?
Oui, c'est le cas ! Première médina arabo-musulmane en Afrique du Nord, la ville regorge de trésors inestimables. Son histoire, son patrimoine riche, ses écrits rares, ses livres de Coran très rares et multiples en font une ville culturelle et islamique unique. Kairouan abrite aussi le plus ancien "minbar" et le plus ancien "mihrab" du monde arabo-musulman datant de l'ère abbaside.
Votre ambition est donc de faire de Kairouan un pôle d'attraction et de lui donner son lustre d'antan ?!
Notre objectif c'est de valoriser tout ce que possède Kairouan sur tous les plans (culturel, théologique, architectural...). Bref, faire de Kairouan un pôle d'attraction à l'échelle mondiale. D'ailleurs, notre fondation effectue plusieurs voyages pour sensibiliser les Etats et les organisations internationales. Au-delà de l'accord déjà conclu avec l'Unesco, l'Arabie Saoudite apporte déjà son aide financière, les USA participent aussi, sans compter l'Union européenne qui souhaite apporter son aide.
Et le mot de la fin?
Le mot de la fin c'est un appel que je tiens à lancer. Je lance donc un appel à tous les Kairouanais de s'unir pour remettre leur ville sous les projecteurs. Et je suis sûr qu'ensemble nous pouvons relever tous les défis !
Propos recueillis par O.D.
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