Réponse au ministre de l'Enseignement supérieur
Etant le père d’une étudiante ayant achevé avec succès son premier cycle d’études médicales à l’université de Fès , j’ai appris avec étonnement la teneur des déclarations de Mr le Ministre de l’Enseignement Supérieur, concernant les étudiants Tunisiens en médecine de l’étranger , selon lui « sortis par la fenêtre pour revenir par la porte », face à qui l’instauration d’un concours sur dossiers relèverait d’une mesure de préservation du niveau général des études au sein des facultés de médecine en Tunisie , prise , toujours selon lui , en application d’un jugement administratif annulant une précédente décision ministérielle incongrue .
Considérant que ces déclarations là ne correspondent nullement à la réalité des faits et même sous estiment injustement la qualité de la formation médicale de ma fille , je me suis vu dans l’obligation d’exprimer mon point de vue afin que les gens aient une meilleure appréciation de la situation
1- Le jugement administratif dont il a été question, cassant un précédent décret ministériel, dénie au ministère le droit d’instaurer d’une manière subite , de nouvelles règles d’inscription des étudiants , ayant terminé leur premier cycle à l’étranger ; or l’instauration sans précédent d’un concours sur dossier pour un nombre de places plus que limité par le ministère constitue bien une violation de la lettre et de l’esprit de ce jugement, et nullement sa mise en application.
2- La finalité du jugement administratif précédent est de permettre l’inscription en Tunisie à des étudiants qui ne sont allés étudier à l’étranger que parce qu’une telle opportunité du retour s’était toujours présentée pendant plus de trente années pour leurs prédécesseurs, et qui s’ils avaient été prévenus de la possibilité de se voire récuser ce droit du retour acquis « de facto », auraient choisi certainement d’autres options.
3- Pour me limiter au seul Maroc, puisque ma fille y a étudié , les étudiants Marocains pour entrer en médecine sont préalablement soumis à une double sélection : d'abord un concours sur dossiers , à l’issue duquel sont retenus les candidats qui passeront ensuite les épreuves du véritable concours ; les lauréats seront ainsi inscrits en faculté de médecine . C’est dire combien le niveau des études médicales dispensées par des professeurs formés à l’école Française , là bas est élevé . A partir de là , prétendre interdire aux étudiants Tunisiens issus des facultés Marocaines l’accès aux facultés Tunisiennes sous prétexte d’en préserver le niveau des études, ou sous le prétexte qu'ils y auraient étudié "hors quotat" me parait issu d’un sentiment de supériorité que rien dans les faits, ne permet de justifier .
4- Pour l’anecdote , j’ajouterai que l’actuel Doyen de la faculté de médecine de Tunis, Selim Meherzi , a fait son premier cycle en Algérie , et que l’actuel Doyen de la faculté de médecine de Monastir Ali Chadli n’est pas en reste : sa cousine Molka Chadli a fait son premier cycle d’études médicales en Algérie, et son propre fils à Fès ; ceci démontre bien toute l'ironie de la situation
5- On ignore toujours comment les Doyens, qui n'avaient pas ouvert de postes sous le ministre Boudden, ont pu, en proposer 20 sous l'actuel ministre; preuve s'il en est que le nombre de postes disponibles est une variable du temps à paramètres multiples
En conclusion, nonobstant le réel préjudice encouru par les étudiants et leurs familles, le fait de révoquer sans préavis un droit acquis de facto, en dépit d'un jugement administratif établissant la réalité de ce droit, ne peut être qualifié autrement, que de "déni de justice" .
Docteur Mounir Hanablia, Cardiologue
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