Sept ans après, la transition toujours en panne

Sept ans après, la transition toujours en panne

Il y’a sept ans, chacun de nous a réclamé tout haut : Pain et eau et  Ben Ali NON :: خبر وماء وبن علي لا  Cela  veut dire, que nous acceptons la pauvreté, les jours difficiles  mais  nous refusons  la nouvelle dictature politique, économique, son  régime, sa  corruption, sa tyrannie et ses voleurs.

Aujourd’hui sept ans sont passés, le pays ne se relève pas encore. Un taux de chômage national de 15%, une inflation à 6,3% sur les onze premiers mois de 2017, des régions intérieures marginalisées… A la veille du septième anniversaire de la révolution, les urgences sont légion. Et les marges de manœuvres très réduites. Le budget 2017 traduit en chiffres une nation à l’économie fragilisée au bord de la faillite. Les Tunisiens s'impatientent, demandent des résultats. Les derniers mouvements nocturnes, les scènes de pillage, de rackettage, de vandalisme  et les heurts avec la police dans plusieurs villes sont un exemple concret de cet échec patent.

Une crise sociale aigue

Le mois de janvier est devenu un temps de mouvements populaires en Tunisie depuis longtemps. Cette année et pour fêter le septième anniversaire du départ de Ben Ali, les tensions se sont ravivées.

Sept ans après, la situation économique est nettement plus dégradée et l’espoir en moins. Sept ans plus tard, pratiquement rien n’a changé : les revendications sur l’emploi et l’équité sociale sont les mêmes. Les couches populaires sont écrasées par le chômage de masse et par la cherté de la vie et vivent une situation qui se dégrade de jour en jour.

Des mouvements de protestation  ont éclaté depuis mardi 2 janvier pour protester contre la décision du gouvernement tunisien d’augmenter le taux de la TVA et diverses contributions sociales à partir du  1° janvier. Les manifestations ont tourné à l'affrontement dans plusieurs villes du pays. Un homme a succombé à l'inhalation des gaz lacrymogènes à Tébourba (à une quarantaine de kilomètres de Tunis). Ces scènes sont un exemple concret de cet échec patent.

Le porte-parole officiel du ministère de l’Intérieur, le colonel-major Khalifa Chibani, a précisé dans une déclaration accordée ce matin du vendredi 12 janvier 2018, à Mosaïque Fm, que 773 individus ont été placés en garde à vue suite aux récentes tensions qui ont secoué de nombreuses régions du pays.

Au 8 janvier, arrêté 773 individus soupçonnés de vol, d’agressions et de vandalisme. Plus de la moitié des suspects arrêtés ont entre 21 et 30 ans, 31,53% d’entre eux ont entre 15 et 20 ans impliqués dans les grabuges ont été appréhendés.  Ça fait presque 354 jeunes, un chiffre qui nous fait réfléchir!

Aujourd’hui, les valeurs du soulèvement complètement oubliés !

Depuis sept ans, tous les gouvernements successifs ont échoué. Ils n’ont pas pu changer de modèle de développement et élaborer un nouveau modèle de société adapté aux bouleversements subis afin de répondre aux urgences. Ils utilisent les mêmes anciennes recettes libérales qui ont déjà échoué et ont déclenché le premier soulèvement de 2010.

Aujourd’hui, chacun défend son petit intérêt personnel oubliant le mot d’ordre quand on était dans la même tranchée !  C’est  ainsi que les choses ont vite changé de nature ? C’est ainsi que  nous  respectons le sang des martyrs?  Ceux qui ont sacrifié leur vie  pour notre liberté et notre dignité. Aujourd’hui, où est notre  fraternité? Où est notre liberté? Où est notre dignité? Aujourd'hui à ce  jour anniversaire de la fuite du dictateur Tunisien Ben Ali, la contre  révolution est en marche et à grande vitesse. Le citoyen commence même à  regretter l’ancien régime.

Nous ne pouvons pas condamner les méthodes de Ben Ali et les utiliser en même temps durant cette période   cruciale par les différents gouvernements successifs. La démocratie s'use si on ne s'en sert pas  et avec ces vieux briscards elle disparaitra simplement.

Le moral des jeunes toujours en berne

Être jeune aujourd’hui c’est être confronté à la problématique de l’emploi, à la tentation de l’émigration, à l’immigration clandestine, aux fléaux de l’extrémisme, à la violence…

En Tunisie, 57 % de la population ont moins de 35 ans.  Près de la moitié d’entre eux ont entre 15 et 29 ans. 32% des 20-29 ans sont au chômage, contre une moyenne nationale globale de 16%.

On s'approche, aujourd'hui, du cap de 650.000 jeunes en chômage. Les chiffres sur le décrochage scolaire, font honte dans un pays où l'enseignement est obligatoire, 100 mille élèves dont six mille du cycle primaire ont abandonné  les bancs de  l'école et e se trouvent rejetés chaque année et se perdent dans la nature dans un état d'oisiveté et de désespérance. Selon les données fournies par le ministère de l'éducation, 360 mille enfants âgés entre 6 et 18 ans ne sont pas scolarisés. 60% des élèves scolarisés abandonnent volontairement l'école contre 40% renvoyés suite à l'application de la loi.

L’enseignement, surtout à l’université, est devenu synonyme de chômage et de lourd fardeau financier pour la famille. Cette réalité influence considérablement le moral des élèves qui décrochent de l’enseignement public. En plus, avec les transformations du marché du travail et leur inadéquation avec un système d’éducation usé et mal réformé, l’absence de considération vis-à-vis du savoir et de l’éducation, à leur juste valeur, n’a pas aidé à améliorer la situation.

«Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons»: la situation actuelle en Tunisie a fait mentir Victor Hugo.

La jeunesse oubliée par les nouveaux dirigeants

Comment est-il possible que le formidable espoir porté par l’école, que le rêve de tant d’hommes qui croyaient à l’émancipation par le savoir, aboutisse à ce gâchis immense ? Que ces compétences et cette énergie soient confinées et reléguées au rôle de simples spectateurs au niveau politique, économique et/ou social est un véritable gâchis.

3%seulement des jeunes estiment que les politiciens s’intéressent à eux encore moins à leurs préoccupations. Le problème est lié à un manque total de vision que les jeunes perçoivent chez les politiques.

L’indifférence actuelle, nous la sentons se manifester chez les jeunes qui se sentent sacrifiés et frappés par la crise qui dure de plein fouet. Les jeunes craignent d’être dupés par un État qui, ils le sentent bien, ne travaille pas pour eux. J’ai souvent eu l’occasion d’attirer l’attention sur la fragilité d’un régime qui n’a pas la confiance des nouvelles classes, qui repose sur la seule résignation des jeunes. Un régime qui n’a pas avec lui les couches jeunes qui montent, qui ne jouit pas de leur foi et de leur coopération, un régime qui n’a pas le contact direct avec la partie la plus vivante et dynamique du peuple, la plus représentative de l’avenir, n’est pas vraiment un régime démocratique.

Jeunes hommes et jeunes femmes, vous devez intervenir et agir par vous-mêmes. Organisez-vous, groupez-vous, pour faire entendre votre voix, engagez-vous politiquement, participez aux mouvements de jeunesse, animez-les, poussez-les à exercer sur les pouvoirs publics une pression continue, afin de faire triompher les décisions que dicte le sens de l’intérêt collectif!

La jeunesse, est le temps du possible. Quelle belle chose la jeunesse ! Quel crime de la laisser gâcher par ceux qui gouvernent.

Comment réussir et rendre espoir aux Tunisiens ?

La Tunisie vit une grave crise morale, politique, économique et sociale et sa transition démocratique est toujours inachevée. Pour réussir, il faut commencer par changer les mentalités et mener une politique volontariste de défense  de l’intérêt général,  où la solidarité avec les oubliés n’est pas seulement un slogan. Solidarité avec les chômeurs, les   handicapés, les personnes âgés abandonnés, des familles entières sans   ressources, les nécessiteux qui crèvent de faim, de froid et de misère… Il est temps de montrer qu’être Tunisien n’est pas  incompatible avec les droits de l’Homme, avec la liberté, la modernité, le développement humain et la   démocratie.

Lorsqu’un jour le peuple veut vivre, force est pour le destin de répondre,

Force est pour les ténèbres de se dissiper, force est pour les chaînes de se briser

A.K

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