Shell Tunisie: Mauvaise journée pour le N°1 de Shell Afrique lors de son passage à Tunis
A Shell Tunisie, la question n'est plus de savoir si la marque à la coquille rouge et jaune va se désengager de la Tunisie
ou pas. Les employés en sont convaincus. "L'annonce du nouvel acquéreur ne saurait tarder, c'est juste une question de quelques semaines"
Cette séparation unilatérale décidée par la société mère est mal acceptée par les employés tunisiens qui se sentent trahis et qui ont décidé de le faire savoir en observant 3 jours de grève annoncés pour les 31, 1er et 2 Juin afin de dénoncer cette "ingratitude" envers un capital humain qui a réussi, à force de sérieux, d'abnégation et de sacrifice, de faire de Shell Tunisie le leader de la vente de carburant avec près de 27% de part de marché. En outre, le personnel revendique la réparation du préjudice subi à la fois moral, physique et financier.
Aussitôt informé, M. Xavier Le Mintier, vice-président Afrique (N°1 Afrique), fait le voyage à Tunis pour essayer d'apaiser la situation.
Mercredi 2 juin vers 9 heures du matin, M. Le Mintier arrive au siège de Shell Tunisie pour rencontrer le syndicat de l'entreprise. A la porte d'entrée, les employés de Shell lui accordent un accueil glacial. Sans un mot, visages impénétrables, corps immobiles et Banderoles à la main où on peut lire "Xavier Le Mintier Regardez-nous dans les yeux nous sommes déterminés" ou "No Indemnities= No Business as Usual" ou encore "No Way to quiet if Staff not compensated", les employés de Shell Tunisie ont donné le ton.
La journée s'annonçait difficile pour ce Directeur. En rencontrant le syndicat, les affaires ne se sont pas arrangées pour autant. En effet, le syndicat demande une reconnaissance du préjudice moral, en vain. Le N°1 de Shell Afrique préfère plutôt parler de "récompense" pour assurer le Business Continuity.
L'après-midi, à la Fédération Pétro-Chimie relevant de l'UGTT, la position de M. Le Mintier n'a vraisemblablement pas changé. A sa sortie de la fédération, le français se dirige tout droit vers le Club Shell pour rencontrer les employés.
Pour assurer la bonne marche de cette séance Question/réponse, M. Naoufel Aissa, DG de Shell Tunisie allait passer la parole à M. Xavier Le Mintier quand un cadre Shell l'interrompt d'une façon élégante et demande gentiment s'il était possible d'écouter ce qu'une enfant d'une dizaine d'années (fille d'un employé Shell) avait à dire à "M. Shell". M. Aissa accepte et la petite fille commence à lire son papier. Petite fille certes, mais l'impression qu'elle a laissé est grande. Avec une voix innocente, un texte émouvant sur la place qu'occupe Shell non seulement dans la vie de son père mais également dans la vie de toute la famille, l'oratrice a réussi à attirer l'attention. Un tonnerre d'applaudissements a suivi cette lecture et cerise sur le gâteau, le personnel, comme un seul homme, tourne le dos au N°1 de Shell Afrique et sort de Club Shell.
Sans insultes, sans heurts ni prise d'otage (comme on en fait sous d'autres cieux), les employés de Shell Tunisie ont été exemplaires pour réclamer leur droit. Une chose est sûre, le combat est loin d'être gagné et l'intervention des autorités de tutelle serait la bienvenue pour garantir les intérêts de ces employés tunisiens.