Tollé dans le pays après la hausse des prix des carburants : la goutte qui peut faire déborder le vase

Tollé dans le pays après la hausse des prix des carburants : la goutte qui peut faire déborder le vase

 

La hausse des prix des carburants, qui a pris les Tunisiens au dépourvu à quelques heures de l’ouverture du Sommet arabe, a fait l’effet d’une douche froide. Alors que le ministre de l’Industrie (chargé aussi de l’énergie), Slim Feriani venait d’assurer il y a tout juste quelques semaines qu’il n’était pas question d’augmenter les tarifs de ces produits qui rentrent dans le coût de presque de tout, voilà que son département a publié le 31mars à 0h00 un communiqué annonçant l’entrée en vigueur des nouveaux prix.

Il invoquait le recours au mécanisme d’ajustement périodique mis en place en 2016. Mais, au fait le prix du pétrole baisse sur le marché international. En tout cas, il reste en dessous des 75 dollars, le prix de référence fixé par le budget. Les responsables du ministère qui ont l’habitude de justifier l’injustifiable, parlent cette fois de la chute du dinar, car soutiennent-ils les 68 dollars, le prix actuel du pétrole équivalent à 208 dinars alors que les 75 inscrits au budget valaient 202 dinars car entre-temps la monnaie tunisienne a dégringolé. Pourquoi alors n’a-t-on pas fixé le prix du pétrole en dinars tunisiens. Allez comprendre les raisons de cette valse-hésitation ?

On affirme que la finalité de cette mesure est de baisser les charges que supporte la Caisse de compensation dans le domaine énergétique. La raison est fallacieuse car 75% du prix des carburants sont formés de taxes et d’impôts. La fiscalité sur ces produits est parmi les plus élevées partout dans le monde.

Selon le député Yassine Ayari il a posé la question au ministre de l’Industrie, pour un litre d’essence sans plomb à la pompe 291 millimes sont le montant de la compensation, alors que l’Etat perçoit 323 millions à titre de TVA et 426 millimes comme taxe. C’est-à-dire que pour 291 millimes payés d’une main, l’Etat perçoit 749 millimes de l’autre. Cherchez l’erreur. D’ailleurs avec les augmentations opérées en 2018 et 2019 et la baisse du prix du pétrole sur le marché mondial, la compensation est presque nulle. Mais les taxes et impôts sont toujours aussi élevés.

Cette nouvelle hausse qui figure parmi les mesures imposées par le FMI pour le déblocage des tranches du prêt consenti à la Tunisie fait rentrer le pays dans le cycle infernal de l’inflation. Car l’énergie rentre dans le coût de l’ensemble des produits et services. De quoi alimenter davantage la hausse vertigineuse du cout de la vie.

D’ailleurs, le président de l’Organisation de Défense des Consommateurs (ODC), Slim Saadallah n’est pas allé par le dos de la cuillère en appelant ce lundi, 1er avril 2019, les tunisiens à s’opposer aux dernières augmentations opérées sur les prix des carburants. Par la même occasion, il invité les autorités à renoncer à cette hausse des prix surtout que le tarif du baril de pétrole n’a pas augmenté à l’échelle internationale.

Il n’est pas le seul à s’être opposé à cette mesure. Ainsi, le Groupement du Transport et de la Logistique de la CONECT et l’Union Nationale des Taxis ont fustigé, à leur tour, les récentes augmentations opérées sur les prix du carburant.

Dans un communiqué rendu public ce lundi, les deux organisations attirent l’attention sur les graves conséquences de cette décision sur le secteur du transport des personnes (taxis et voitures de louage), sur le transport de marchandises et tous les intervenants dans le secteur de manière directe et indirecte.

Elles fustigent cette mesure qui aura comme effet l’aggravation de la situation des milliers de professionnels exerçant dans le domaine.et dénoncent l’absence de réaction des autorités concernées malgré les appels répétés des structures professionnelles pour l’ouverture d’un dialogue responsable pour sauver le secteur et assurer sa durabilité.

« Devant l’attitude et le mutisme des autorités concernées le Groupement Professionnel du Transport et de la Logistique de la CONECT et l’Union Nationale des Taxis annoncent leur décision d’organiser des mouvements de protestation à l’échelle nationale en commençant le jeudi 04 avril 2019 par un mouvement de protestation devant le siège de l’ARP pour exprimer leur refus de cette nouvelle augmentation et rappeler leurs demandes dont notamment », a-t-on annoncé.

Les deux grandes organisations professionnelles, à savoir l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat(UTICA) et l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP) ont sévèrement critiqué cette nouvelle hausse augmentations des prix des carburants.

Dans deux communiqués séparés, elles ont toutes les deux mis en garde contre les retombées « catastrophiques » de ces augmentations sur le développement et le fonctionnement des secteurs de l’industrie et de l’agriculture.

L’UTAP a précisé dans ce sens que ces augmentations vont conduire à une hausse des coûts de production des produits agricoles, ce qui aura un effet d’entraînement sur les prix de vente.

Pour sa part, l’UTICA s’est montrée surprise du fait de son exclusion des discussions avant la prise de cette décision appelant le gouvernement à geler toutes les augmentations des prix du carburant en 2019.

Répondant à des appels relayés sur les réseaux sociaux, les automobilistes ont bloqué des routes à Siliana, Monastir, Grombalia, Soliman, Sebikha ou El Mourouj dans la banlieue sud de Tunis pour dénoncer la hausse des prix des carburants et exiger des autorités de renoncer à cette nouvelle augmentation.

Ces mouvements de protestation peuvent faire tâche d’huile et s’étendre à différentes régions du pays. Une goutte qui risque de faire déborder le vase.

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