Tunisie-Afrique: les recommandations de M. Joseph Stiglitz à l'Afrique
C'est depuis une petite salle bondée au centre ville de Tunis que l'économiste américain, prix Nobel d'économie 2001,
a donné lundi une conférence sur le thème «l’après crise financière, les options pour l’Afrique».
Invité par la Banque Africaine de développement (BAD), le passage de Joseph Stiglitz a suscité l'intérêt de plusieurs personnalités, qui souhaitaient voir à l'oeuvre l'un des représentants les plus connus du « nouveau keynésianisme ».
Lors de son speach, le Prix Nobel d'économie a plaidé pour une "stratégie économique post-crise" afin de préserver l'avenir de l'Afrique qualifiée de "victime innocente" de la crise financière mondiale.
"Les pays africains apparaissent comme les victimes innocentes de la crise parce qu'ils ont été affectés à travers les marchés financiers, le commerce, l'investissement et les fonds des migrants", a-t-il expliqué.
Tout en appelant l'Afrique à se dégager de sa dépendance des produits de base, M. Stiglitz ajoute qu'une stratégie post-crise devrait viser la croissance durable et reposer sur une bonne gestion des ressources, un renforcement des capacités des Etats, des politiques industrielles et agricoles ainsi que des systèmes de protection sociale souples.
Il a indiqué en outre que les pays africains devraient "profiter de la nouvelle géographie économique" notamment des nouveaux marchés asiatiques et des nouvelles sources de financements. "L'Afrique devrait exploiter l'augmentation en cours des salaires en Asie, qui va modifier l'avantage comparatif à l'échelle mondiale", a-t-il ajouté.
Par ailleurs, en abordant les causes de la crise, M. Stiglitz n'a pas manqué de remettre en cause le capitalisme et les systèmes des marchés financiers, faisant remarquer que dans l’actuel contexte de la globalisation un système financier défaillant génère obligatoirement la déficience des systèmes économiques et a des conséquences négatives sur le développement social.
Enfin, fidèle à ses convictions néokeynesiennes, M. Stiglitz ne croit pas que les marchés vont s'équilibrer rapidement tel que prévu par plusieurs économistes ajoutant que la reprise sera lente et ne sera réellement palpable qu’à partir de 2012 voire 2013.