Tunisie : « Auguste » Assemblée ou Assemblée de « la honte » !
Cette affaire risque de faire tâche d’huile et d'envenimer davantage le climat politique déjà délitère. Le Parlement est appelé à faire la lumière sur cette histoire.
Encore une fois, notre « auguste » Assemblée et nos « honorables » députés nous renvoient une image hideuse à vomir, en raison du comportement répréhensible de certains d’entre eux. La scène s’est déroulée hier au sein de la Commission de la réforme administrative, de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption et du contrôle de gestion des deniers publics. Un clash entre Abir Moussi la députée et présidente du groupe parlementaire du Parti destourien libre et son collègue Yadh Elloumi de Qalb Tounes et président de la commission des finances. Suite à quoi, ce dernier aurait lancé à Mouusi « ta place n’est pas ici, elle est plutôt à Abdallah Gach », entendre la célèbre maison close sise dans cette rue de la vielle Médina. La présidente du PDL jure mordicus que son collègue a prononcé ces injures et dit détenir l’enregistrement. De son côté, Myriam Belkadhi affirme dans son émission d’hier sur El Hiwar Ettounsi détenir l’enregistrement.
S’ensuit alors une campagne contre Yadh Elloumi qui, faut-il rappeler n’est pas à sa première bévue, lui qui avait juré de démissionner plutôt que de collaborer avec Ennahdha. Plusieurs femmes dont notamment les deux universitaires Salsabil Klibi et Fethia Saidi ont pris fait et cause pour Abir Moussi. Elles appellent à l’application de la loi relative à l’élimination de la violence à l’égard des femmes qui définit dans son article 3, entre autre, la « violence morale » comme étant « toute agression verbale, telle que la diffamation, l’injure, la contrainte, la menace, l’abandon, la privation des droits et des libertés, l’humiliation, la négligence, la raillerie, le rabaissement et autres actes ou paroles portant atteinte à la dignité humaine de la femme ou visant à l’intimider ou la dominer ».
Réagissant à cette campagne, Yadh Elloumi a publié sur sa page Facebook un démenti, jurant qu’il n’a jamais proféré de tels propos malveillants. Il a rejeté toute la responsabilité sur Abir Moussi et son collègue du même groupe Mejdi Boudhina qui, selon lui, ont inventé cette histoire de toutes pièces et orchestré une campagne de dénigrement à son encontre.
Elloumi a souligné qu’il intentera un procès contre ces deux députés et contre toutes les parties qui gèrent les pages Facebook appuyant cette campagne.
Les femmes politiques, partout dans le monde, n’échappent pas à ce genre de comportement « macho ». Ce « sexisme » est une forme de « racisme qui se nourrit du même obscurantisme », selon Ségolène Royal. Faut-il rappler que Jamila Ksiksi a été la cible de propos racistes de la part de certains supporters de Moussi à la suite de leur vive altercation au cours de laquelle la députée d’Ennahdha avait traité les élus du PDL de « bandits ».
En vérité, ce qui s'est passé dans la journée d’hier n'est pas une première, puisque l'enceinte parlementaire a, souvent, été le théâtre de vifs échanges entre députés au point où on a failli, par moment, en arrivé aux mains. Les dissensions prennent, des fois, des tournures inattendues et inacceptables. Tout cela est le reflet de ce que nous vivions depuis un certain temps et traduit un malaise ambiant dans la société tunisienne où la violence s'est installée sous plusieurs facettes. Une violence qui ne cesse de prendre de l'ampleur en raison des facteurs qui se sont accumulés au cours des dernières années. Notre société est devenue par trop permissive où tout est bafoué, y compris la liberté d'expression qui, pourtant, est le fondement de la démocratie, parce qu'elle est devenue synonyme de liberté d'insulte.
Cette affaire risque de faire tâche d'huile et 'd'envenimer davantage el climat politique déjà délétère. Le palment est appelé à faire la lumière sur cette histoire.
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