Tunisie: Ces chiens qui terrorisent les passants !
C'est un drame qui a mis en émoi tous les habitants du Bardo depuis quelques jours. Alors qu'elle attendait un taxi sur la route principale du quartier, une femme de 56 ans a été sauvagement attaquée par le chien de sa voisine.
La propriétaire occupée pleinement au téléphone, son chien s'est littéralement déchaîné sur la pauvre femme sans défense, la mordant au visage. Et malgré les différentes interventions des passants, le molosse ne lâchera sa "proie" qu'au bout de longues minutes après avoir été étranglé par des jeunes.
Transportée d'urgence à l'hôpital Bab-Saadoun et prise en charge par le service d'ophtalmologie, la victime s'en sortira avec plusieurs blessures et contusions dans de nombreux endroits de son corps.
Pire, elle a perdu l'usage de son œil, bien qu'elle ait subi une opération qui aura duré plus de 3 heures. La famille a porté plainte contre les propriétaires du chien et exige que justice soit rendue. Mais rien ne rendra à la victime sa vue.
Cette triste affaire relance le débat sur la question des chiens dangereux et des chiens errants qui ne cessent d'inonder les rues et ruelles de la capitale.
En effet, il est de plus en plus fréquent de croiser des irresponsables qui se baladent avec des chiens dangereux non muselés et qui représentent un danger pour les personnes qui circulent dans des lieux publics.
S’ajoute à cela le nouveau phénomène qui ne cesse de s’aggraver des chiens errants. En effet, il n'est pas rare de croiser des hordes de chiens errants dans nombre de quartiers, fussent-ils populaires ou chics. Ces canidés terrorisent non seulement les riverains mais constituent une source de nuisance nocturne (aboiements répétitifs et stridents).
Pire encore, le nombre d'attaques et de morsures de chiens ne cesse de prendre de l'ampleur. Chaque jour, le service de vaccination antirabique de l'Institut Pasteur de Tunis prend en charge des victimes. Le phénomène est tel que de nombreux randonneurs, sportifs et autres marcheurs à pied ont dû renoncer à leurs activités de peur d'être la cible de ces bêtes incontrôlées et livrées à elles-mêmes.
Mais que fait l'Etat pour stopper cette hémorragie...canine !?
Rien… puisque la réglementation spécifique contre la détention des chiens considérés comme pouvant être dangereux n’a jamais été appliquée. Pire encore, jamais une campagne de sensibilisation n’a été organisée pour mettre en garde leurs propriétaires des risques qu’ils encourent.
Pour ce qui est des chiens errants depuis longtemps, la pratique des municipalités a été de les abattre quand ils devenaient encombrants et commençaient à s'attaquer aux passants. Sauf que depuis quelque temps, des associations de défense des animaux sont montées au créneau dans notre pays pour alerter l’opinion publique sur cette pratique cruelle et contre-productive.
Du coup, selon les vétérinaires, l'une des solutions à cette situation serait la généralisation de la stérilisation sur toute l'étendue du territoire. Selon ces spécialistes, si une telle méthode se généralisait, le problème serait résolu au bout de 6 à 7 ans dans le pays.
Pourtant, la municipalité de Tunis avait inauguré en 2017 un centre dans le cadre du programme TNVR (Trap-Neuter-Vaccination-Return). Un programme initié par des organisations de santé animale qui consiste à capturer les canidés, puis à les stériliser, à les vacciner contre la rage, à les marquer puis à les remettre dans leur milieu.
Plus tard, la Goulette, la Marsa et Soliman et autres municipalités ont créé à leur tour des centres de stérilisation et de vaccination. D'autres municipalités avaient émis le désir d'adopter de telles mesures. Sauf que le programme, qui resta cantonné dans quelques municipalités seulement (le pays en compte 350), tarde à porter ses fruits.
Si cette prolifération est liée en partie au problème de reproduction des chiens (une femelle peut avoir deux portées par an et arriver jusqu'à mettre bas 26 chiots), il ne faut pas oublier aussi un autre phénomène qui commence à prendre de l'ampleur. A savoir des chiens abandonnés par des propriétaires qui n'arrivent plus à les entretenir. Il suffit, pour s'en convaincre, d'observer certaines races (dangereuses) de chiens parmi les meutes de chiens qui sont d'habitude inoffensifs, sauf à vouloir trop les rapprocher !
Mais alors quel est le remède miracle à cette inquiétante prolifération ?
En attendant, ce sujet continue de diviser l’opinion publique. Aux autorités de prendre le taureau par les cornes (pardon le chien par les dents), afin de trouver des solutions rapides et efficaces, en concertation avec les médecins vétérinaires et les différentes organisations de défense des animaux de la place!
Autrement, le traumatisme du citoyen, qui côtoie au quotidien ces êtres indésirables et "insalubres", ne ferait que grandir !
Oumar Diagana
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