Tunisie: Démarrage des travaux de la conférence nationale sur l'emploi
Les travaux de la conférence nationale sur l'emploi, organisée par le ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi, en collaboration avec l'organisation internationale du travail (OIT) et avec le concours du Programme des nations unies pour le développement (PNUD), se sont ouverts, jeudi, à Ghammarth, pour se poursuivre jusqu'au 30 juin.
L’objectif du congrès est établir un diagnostic de la situation et des problématiques de l'emploi en Tunisie à la lumière des changements démographiques et économiques.
Au programme, une série de communications sur "le diagnostic de la situation du chômage en Tunisie" et "les expériences internationales réussies en matière de lutte contre le chômage", outre des ateliers de réflexion sur les mesures urgentes à mettre en place pour la promotion de l'emploi, la refonte des programmes et mécanismes d'appui à l'emploi et le rôle de la société civile dans la valorisation de la culture du travail et des métiers.
70 experts et universitaires
Prennent part à ce congrès, des membres du gouvernement, des constituants, des partenaires sociaux (UGTT, UTICA, UTAP), des représentants des partis et de la société civile, et plus de 70 experts et universitaires tunisiens et étrangers.
Comme annoncé mercredi, dans une conférence de presse, l'Union des diplômés chômeurs (UDC) boycotte la rencontre. Autre absence remarquée, celle de la Ligue tunisienne de défense des diplômés sans emploi, dont les membres ont organisé un sit-in devant l'hôtel où se tient la conférence. Les représentants de la ligue, tout comme l'UDC, protestent contre la non prise en compte de leurs revendications lors de l'organisation de cette conférence nationale et expriment le rejet de la nouvelle loi fixant des dispositions exceptionnelles pour le recrutement dans la fonction publique, au titre de l'année 2012.
Le modèle économique, le système éducatif
et celui de la formation professionnelle en question
Intervenant à l'ouverture des travaux, le ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, Abdelwaheb Maatar, a souligné la nécessité d'unir les forces nationales pour promouvoir l'emploi loin de toute considération politicienne et d'oeuvrer à trouver des solutions pérennes avec l'implication des toutes les parties concernées, notamment les acteurs sociaux et économiques, mais aussi les chômeurs.
Il a fait savoir que la question de l'emploi figure parmi les principales problématiques soulevées par la révolution et hissées au rang des priorités et défis majeurs qui se dressent dans la perspective de l'édification de la Tunisie nouvelle.
"Le congrès permettra une meilleure compréhension de la problématique du chômage et balisera la voie vers la révision du modèle économique, du système éducatif et celui de la formation professionnelle, ainsi que la réorientation de l'investissement", a ajouté M. Maatar, indiquant qu'une commission nationale regroupant toutes les parties concernées sera constituée à l'issue du congrès et chargée d'élaborer une stratégie nationale de promotion de l'emploi des jeunes dont la présentation est prévue pour le 17 décembre 2012.
L’emploi, facteur de dignité
De son côté, le directeur du bureau de l'OIT en Afrique du Nord, a assuré que l'équité sociale comme le développement économique sont tributaires de la situation de l'emploi qui demeure le seul garant de la dignité humaine. Et d'ajouter : "promouvoir l'emploi requiert un effort soutenu qui implique la révision voire la refonte des systèmes éducatif et de formation professionnelle pour les mettre en phase avec les nouvelles orientations stratégiques à mettre en oeuvre". "Nous sommes aujourd'hui engagés en tant que partenaire actif de la Tunisie pour contribuer à l'édification d'un avenir meilleur pour les jeunes en Tunisie comme ailleurs", a-t-il soutenu.
Le ministre marocain de l'emploi et de la formation professionnelle, Abdelwahed Souhil, a, pour sa part, affirmé la disposition de son pays à soutenir les efforts de la Tunisie pour la promotion de l'emploi, notant que l'emploi est un facteur de dignité et d'accomplissement de soi.
Le représentant de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Mohamed Mselmia, a réitéré l'engagement de l'UGTT à soutenir toute initiative visant à fédérer le partenariat et la concertation autour des questions primordiales à l'édification de la Tunisie nouvelle.
Passant en revue les principaux indicateurs qui traduisent réellement l'ampleur et la difficulté de la situation, M. Mselmi a insisté sur l'importance d'une action réfléchie dans le cadre d'un consensus national qui définit la responsabilité de chacun.
Adapter le système de la formation professionnelle
aux exigences du marché de l'emploi
Il a été rejoint dans ces propos par le représentant de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), Khélil Ghariani, qui a souligné que la consécration des objectifs de développement passent nécessairement par la création d'opportunités d'emploi, appelant, notamment, à placer l'entreprise économique qu'elle qu'en soit sa taille, au coeur de toutes les stratégies de développement pour la hisser au rang de partenaire actif et responsable dans l'instauration d'un climat propice à un développement équitable et intégré.
Le président de l'union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (UTAP), Ahmed Jarallah, n'a pas manqué de réitérer le soutien de son organisation aux initiatives nationales privilégiant la concertation. Il a insisté sur la nécessité d'adapter le système de la formation professionnelle aux exigences du marché de l'emploi et notamment aux besoins en termes de main-d'œuvre qualifiée dans le secteur agricole.
M. Jarallah a, par ailleurs, appelé à la révision du cadre législatif relatif à l'investissement afin de le mettre en adéquation avec les orientations visant la promotion des activités agricoles.
Source : TAP