Tunisie : Des dizaines de bus touristiques algériens bloqués aux frontières ?

Depuis dimanche soir, la situation fait couler beaucoup d’encre : de nombreux bus transportant des touristes algériens vers la Tunisie sont immobilisés dans les principaux postes frontaliers, notamment à Oum Teboul et El Ayoune.
Pris de court par une décision dont ils n’avaient pas été informés, plus d’une centaine de bus venus de plusieurs wilayas, transportant environ cinq mille voyageurs, se sont vu refuser la sortie du territoire à leur arrivée aux postes frontaliers.
Selon les premières informations, l’autorisation touristique ordinaire, jusque-là suffisante pour quitter l’Algérie vers la Tunisie, n’est désormais plus valide.
Depuis dimanche 7 décembre 2025, seuls les bus disposant d’une autorisation de transport international, délivrée par la Direction des transports, sont autorisés à franchir la frontière.
D’après le quotidien El Khabar, cette mesure aurait été motivée par un usage abusif du droit de change officiel (750 euros) par certains voyageurs et organisateurs de ces séjours en bus. Les voyages organisés d’une durée minimale d’une semaine — permettant de bénéficier de l’allocation touristique — auraient entraîné « des problèmes sociaux en Tunisie ainsi que diverses dérives et pratiques abusives », selon la même source. Les autorités algériennes et tunisiennes auraient donc décidé de renforcer les procédures pour contenir ce phénomène.
De son côté, L’Est Républicain décrit une décision destinée à :« frapper d’une main de fer le juteux business des agences de voyages », lesquelles engrangeaient d’importants bénéfices grâce à cette allocation.
Selon le journal, certains organisateurs proposaient des séjours d’une semaine à des chômeurs, étudiants ou personnes sans revenus, réalisant en moyenne six millions de centimes de marge par personne, soit près de 160 millions de centimes par voyage. Le trafic aux postes frontaliers d’El Tarf serait ainsi passé de trois ou quatre bus par jour à près d’une soixantaine.
Certaines agences, qualifiées de « véritables prédateurs », auraient même exploité des personnes aux besoins spécifiques, tandis que des clandestins profitaient également de l’occasion pour obtenir des devises.
Pour L’Est Républicain, la nouvelle mesure met donc fin à « une exploitation abusive de l’allocation touristique, détournée par des esprits mal intentionnés ».
Malgré l’ampleur du sujet, aucune réaction officielle n’a encore été publiée par les gouvernements tunisien ou algérien pour clarifier les motivations exactes de cette décision.
Seule la Banque d’Algérie s’est exprimée, rappelant dans un communiqué du 7 décembre que le droit de change au taux officiel est strictement réservé au bénéficiaire effectif et ne peut être détourné de son usage. Elle cite l’article 10 de l’instruction 05-2025, qui sanctionne toute manœuvre visant à détourner l’allocation en devises.
En attendant plus d’éclaircissements, cette interdiction représente un coup dur pour le tourisme tunisien, en pleine période des fêtes, où l’on s’attendait au prolongement de l’afflux record des touristes algériens.
Nour B.M
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