Tunisie : Encore une journée nationale tombée en désuétude !
Pour fêter le 173e anniversaire de l'abolition de l'esclavage, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, avait décidé de faire de la journée du 23 janvier de chaque année une journée nationale de l'abolition de l'esclavage et de la traite des humains. Trois ans après, cette journée est passée inaperçue. Comme la plupart des journées nationales.
Il faut, en effet, remonter au 23 Janvier 1846 quand Ahmed Bey 1er, lui-même fils d'esclave, décida par un décret beylical d'abolir définitivement l'esclavage, avant bien des pays développés dans le monde comme les Etats-Unis d'Amérique, en décembre 1865, ou encore la France où il a été définitivement aboli en avril 1848. Procédant par étapes, il avait commencé par fermer « le marché aux esclaves de Tunis et annoncé en décembre 1842 que toute personne née dans le pays était désormais libre ». Pour éviter le mécontentement de la population blanche et assurer à son décret une couverture religieuse, il obtint au préalable des « fatwas des oulémas dont celle, sans précédent dans le monde arabo-musulman, accordée par le grand mufti Sidi Brahim Riahi ». N'empêche, le racisme ne prit pas fin pour autant et les vexations continuèrent à l'égard de ces Noirs.
Selon l’historienne Mounira Chapoutot-Remadi*, L'esclavage est une institution vieille de plusieurs siècles et elle était générale dans l'Antiquité. Ce phénomène n'est donc pas lié à une religion ni à un espace géographique. La guerre et le commerce étaient les principales sources de l'esclavage. L'avènement des religions monothéistes allait, d'une certaine manière, contribuer à freiner sinon à diminuer le phénomène. Pour le christianisme comme pour l'islam, Il était interdit de réduire en esclavage, un coreligionnaire. L'émancipation de l'esclave était même un acte de piété recommandé en Islam. L'esclave femme devenue mère d'un garçon, Umm walad ne pouvait plus être vendue mais devait être affranchie.
Le vocabulaire arabe emploie une terminologie variée pour les désigner. L'esclave noir est appelé : 'abd, wasif, khadim, chouchen, hartani (pluriel Harratin) et akli en berbère ; l'esclave blanc : mamluk, 'ulj, saqlabi, rumi, jarkassi, turki, ... quand l'origine ethnique est précisée. Les tâches domestiques étaient réservées aux noirs, les fonctions miliaires généralement aux autres.
B.O
*Article publié dans Leaders le 23 Janvier 2013
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