Tunisie : intervention de M. Taoufik Baccar dans une conférence sur les crises financières

M. Taoufik BACCAR, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a ouvert, lundi 06 juillet 2009, les travaux de

la première conférence méditerranéenne ayant pour thème : « les crises financières : devraient-elles se reproduire ? Comprendre et reformer ».

Il a précisé que la crise actuelle présente de multiples facettes, de ce fait, il faut la considérer comme la phase de contraction d’un cycle financier mondial sans équivalent amplifié par des fragilités conjoncturelles. Elle est évidemment liée aux conséquences microéconomiques à l’échelle des intermédiaires financiers et des marchés.

Il a souligné que la nature systémique de la crise internationale a nécessité une réflexion d’ensemble sur les moyens institutionnels et réglementaires susceptibles de contenir les crises financières, d’enrayer leur transmission à la sphère réelle et de préciser les contours d’une nouvelle architecture financière internationale capable d’endiguer le risque de système.

Ainsi, les orientations du G20 pour une nouvelle régulation de la finance mondiale, visent à mieux maîtriser les sources d’instabilité financière et d’éviter le déclenchement de nouvelles crises systémiques et ce, au-delà des questions de sortie de crise et de soutien de la demande.

Il s’agit de promouvoir l’intégrité des marchés financiers, en visant notamment une extension du périmètre de régulation à tous les marchés et instruments ainsi qu’à l’ensemble des espaces. Il s’agira en particulier d'atténuer la procyclicité sur les marchés financiers,  de limiter les effets de levier, contrôler les agences de notation, de mieux apprécier les risques du marché et  d’étendre le champ de la supervision bancaire qui devrait désormais tenir compte non seulement, de l’adéquation des fonds propres, mais aussi du risque de liquidité.

Aussi, il est question d’approfondir les questions de stabilité financière, de supervision de la solidité d’ensemble des systèmes financiers nationaux à travers la réforme des normes comptables et la garantie d’une transparence des actifs hors-bilan et des produits structurés.

Pour sa part, la Tunisie, forte de sa connaissance des marchés financiers internationaux depuis plus de quinze ans, a suivi de très près l’évolution de cette crise et les réflexions sur les réformes de fond à engager pour améliorer, à l’avenir, l’architecture financière internationale et éviter du coup la récurrence de telles crises.
La Tunisie, précise M.Baccar, n’a cessé de s’intéresser de très près aux réflexions en cours sur les questions fondamentales touchant à la profonde refonte du système monétaire et financier international, et ce, tout en poursuivant l’élan des réformes structurelles engagées depuis près de deux décennies afin de renforcer la capacité de résilience et d’adaptation de l’économie tunisienne aux mutations financières internationales.

Et au gouverneur de la BCT de rappeler la position de la Tunisie sur cette crise comme l’a si bien exprimé le Président de la République, notamment en insistant sur la nécessaire coordination des actions des Etats dans les domaines économiques, financier et monétaire, et ce, afin de renforcer leur aptitude à anticiper les évènements, à prévenir les risques et à préserver la stabilité des marchés financiers et leur rythme de croissance..

A cet égard, M. Baccar passe en revue les actions entreprises par la Tunisie afin d’assurer une plus grande stabilité financière ; il s’agit, entre autres, de la modification apportée au mandat de la Banque Centrale en 2006 dans le sens du renforcement de la fonction de stabilité financière et la création depuis plus de cinq ans au sein de la Banque Centrale de Tunisie d’une Direction Générale dédiée à la Stabilité Financière et encore plus récemment du centre d’études financières et monétaires.

Aussi, ajoute, le gouverneur de la BCT, l’utilisation d’indicateurs macroprudentiels et le recours aux stress tests déjà opérationnels en Tunisie témoignent des choix de la Tunisie de s’armer des techniques les plus actuelles, ainsi que des indicateurs avancées les plus pertinents à même prévenir ces crises et de mesurer leur impact sur notre système financier.

Synthèse du discours de M. Taoufik Baccar