Tunisie: Interview de Sakher El Materi au journal Marocain l'Economiste

Pour garantir la réussite de l'introduction de la société Ennakl simultanément à la Bourse de Tunis et de Casablanca,

Mohamed-Sakher El Materi a assuré, mercredi 23 juin 2010, une communication financière à Casablanca.

L’admission des actions de cette société tunisienne sur le Premier Compartiment de la Bourse de Casablanca a suscité l'intérêt de nos confrères marocains. C'est dans ce cadre que le journal marocain l'Economiste a posé quelques questions au PDG d'ENNAKL. Intégralité de l'Interview:

L’Economiste: Qu’est-ce qui motive aujourd’hui cette double cotation à Tunis et à Casablanca?

Sakher El Materi: Mohamed Sakher El Materi: Avant d’expliquer les motivations de cette double cotation à la Bourse de Tunis et à la Bourse de Casablanca, il convient d’expliquer ce qui a motivé l’introduction en Bourse de Ennakl.

En effet, depuis sa privatisation en 2006, le management de la société n’a eu de cesse de tout mettre en œuvre pour moderniser l’entreprise et ses process, renforcer le partenariat avec le Groupe Volkswagen AG, élargir son réseau de distributeurs officiels, améliorer la qualité du service offert aux clients et élargir sa gamme de marques et de produits.

Tous ces efforts ont été déployés dans le but d’amener Ennakl à la position de leader de la distribution de véhicules en Tunisie. Ainsi, en 4 ans, la société a quadruplé son chiffre d’affaires et multiplié par 17 son bénéfice. Lorsque Ennakl a atteint cette position de leader en 2008 que la société a confirmée en 2009, il nous est apparu évident que l’entreprise avait atteint un stade de maturité lui permettant d’entrer en bourse et de partager son succès avec le public.

Pour ce qui est de la double cotation, le but était d’abord de diversifier son actionnariat, de soumettre la société au jugement de deux marchés différents et d’améliorer la visibilité du titre. Mais surtout, cette opération est un premier pas qui s’inscrit dans une volonté de rapprochement maghrébin.

L’Economiste: Mais une ouverture de capital à seulement 10% témoigne d’une attitude prudentielle…

Sakher El Materi: Je tiens tout d’abord à souligner que les co-évaluateurs Attijari Finances Tunisie et AMC Ernst&Young ont travaillé en étroite collaboration avec le management de Ennakl dans l’objectif commun d’offrir un prix de l’action attractif au grand public.

Ainsi, ils ont adopté une approche conservatrice dans l’ensemble des paramètres de l’évaluation depuis la construction du plan d’affaires jusqu’aux méthodes et paramètres d’évaluation appliqués.

De plus, et toujours dans le souci d’offrir une réelle opportunité aux futurs souscripteurs, j’ai décidé de concéder une décote de 11,25%. Ainsi, vous comprenez que je sois confiant sur la manière dont le titre pourra être appréhendé par les investisseurs et souscripteurs aussi bien tunisiens que marocains.

L’opération dans sa globalité porte sur l’ouverture au public de 40% du capital de la société. La seule raison, qui ait motivé cette répartition de 30% sur la Bourse de Tunis et 10% sur la Bourse de Casablanca, relève de considérations fiscales en Tunisie qui permettent à une entreprise ouvrant plus de 30% de son capital sur la Bourse de Tunis de bénéficier d’un abattement du taux de l’IS pendant 5 ans.

L’Economiste: Quels sont les investissements et les projets de développement prévus après la levée de fonds sur la place de Casablanca?

Sakher El Materi: Cette levée de fonds permettra d’accompagner le développement du groupe et principalement au Groupe Princesse Holding, de développer son pôle financier à travers notamment le renforcement des fonds propres de la banque Zitouna qui a démarré officiellement ses activités le 28 mai 2010 et le développement de la compagnie d’assurance Zitouna Takaful dont nous avons obtenu l’agrément en janvier 2010.

L’Economiste: Quelles synergies possibles entre les placements de titres sur les deux marchés?

Sakher El Materi: Le transfert de titres d’une place vers l’autre n’est pour l’instant pas possible en raison de la réglementation tunisienne qui ne le permet pas aujourd’hui. Cela empêche toute possibilité d’arbitrage du cours de l’action entre Tunis et Casablanca.

Par ailleurs, compte tenu des efforts consentis par les autorités boursières des deux pays et par leur capacité prouvée à harmoniser leurs réglementations respectives, nous sommes confiants dans l’obtention des autorisations nécessaires à la fongibilité entre les deux places. De plus, cette opération s’inscrit dans le cadre du rapprochement maghrébin appelé et encouragé par les plus hautes autorités tunisiennes et marocaines.

Nous considérons cependant cette double cotation, malgré le cloisonnement actuel entre les deux places boursières, comme un premier pas vers plus de synergies et pourquoi pas vers une fusion des deux places de Tunis et de Casablanca.

L'Economiste: Ennakl est pratiquement méconnue auprès des petits épargnants au Maroc. Ce déficit de notoriété peut-il contrarier votre entrée en Bourse?

Sakher El Materi: A l’instar de ce qui a été mis en oeuvre en Tunisie, nous avons consacré un budget conséquent à la campagne de communication au Maroc de manière justement à combler ce déficit de notoriété dont Ennakl pourrait pâtir auprès du grand public marocain.