Tunisie: le calvaire d’un passager de la CTN raconté par lui-même

Hamed Kribi est Tunisien pure souche. Originaire de Kairouan, il l’aime comme il n’aime une autre ville et ce bien qu’il l’ait quittée depuis plus de 40 ans pour s’installer à Paris.  Il continue à y revenir, avec sa femme marocaine, parfois plusieurs fois par an. Ses enfants qui sont nés dans la ville des lumières et y ont poursuivi leurs études, n’ont pas renié leurs origines. Ils passent leurs vacances en Tunisie.

Ancien chargé de mission au Conseil général de l’Essone et président d’une association maghrébine « Alwans 2000», après des années de labeur, il a fait prévaloir ses droits à la retraite ce qui lui permet de disposer de son temps et de rentrer à Kairouan, quand bon lui semble. Etant une personne à mobilité réduite, il dispose d’une carte de stationnement et une autre de priorité pour personne handicapée. Il s’est fait acheter une voiture personnalisée qu’il utilise dans ses déplacements en France et en Tunisie. Il a toujours emprunté les lignes maritimes de la Compagnie tunisienne de navigation(CTN). Mais il a juré de ne plus prendre, dorénavant, aucun bateau tunisien. Il a raconté le calvaire qu’il a vécu avec sa femme dans une lettre adressée à la direction générale de la CTN. Avec des photos prises en cabine ou dans l’enceinte du bateau montrant tas de saletés, et des copies de ses billets de transport.  Sans parler du service bas de gamme. Pour simple consolation, il a reçu une lettre d’excuses de la part de la responsable du bureau des relations avec le citoyen qui lui a assuré que tout serait fait pour satisfaire sa demande de réparation morale et matérielle. Depuis, il attend.

Nous reproduisons la lettre de M.HK adressée à la direction générale de la CTN et nous avons confiance que le ministre du transport Hichem Ben Ahmed et le PDG de la compagnie réagiront en conséquence.

Monsieur le PDG de la CTN : 

J’ai pris le bateau en compagnie de mon épouse le 23 novembre 2017 depuis Marseille, arrivée à Tunis la Goulette le 24 novembre 2017. Mon retour a eu lieu le 26 décembre 2017, arrivée à Marseille le 27 décembre 2017.

A l’aller comme au retour, l’agent affecté au garage des véhicules m’a demandé de stationner loin de l’ascenseur car d’autres véhicules de personnes valides étaient déjà stationnés et par conséquent ont pris les places de véhicules pour personnes à mobilité réduite.

J’ai fait une réclamation à l’aller et une autre au retour auprès du commissaire en service.

Sur chacune des réclamations, j’ai mentionné mon nom, mon prénom, mes coordonnées en Tunisie et en France et mon numéro de téléphone en France ainsi que les circonstances et le sujet de la réclamation. A ce jour, je déplore qu’aucune réponse n’ait été réservée à ces deux réclamations. 

Malgré ces incidents, j’ai de nouveau pris le bateau en compagnie de mon épouse le 4 avril 2018. J’ai une nouvelle fois constaté que le stationnement se faisait « à la tête du client » et je me suis garé derrière trois véhicules dont les conducteurs étaient parfaitement valides, aucune carte d’handicapé n’était accrochée dans leurs véhicules et ces personnes étaient en très bonne santé.

Cette fois, j’ai décidé d’écrire de ma main une réclamation, que j’ai remise au commissaire qui m’a assuré de faire suivre cette affaire et que je serai cette fois contacté par la C.T.N.

Malheureusement, à ce jour, je n’ai reçu aucun retour quant à cette réclamation.

Mon voyage retour vers Marseille a eu lieu le 8 mai 2018 à bord du bateau Carthage.

Comme demandé sur le billet pour les personnes à mobilité réduite, je me suis présenté au port de la Goulette à 7h du matin pour l’enregistrement en vue d’embarquer. L’enregistrement en vue de l’embarquement des personnes valides était prévu à 8h du matin.

Mon épouse a fait la queue pour l’enregistrement à 8h15. Elle a obtenu les documents nécessaires à l’embarquement, après avoir effectué les formalités de police aux frontières et de douane.

Après avoir entrepris ces démarches, nous avons constaté que les voyageurs ne pouvaient plus avancer vers le bateau, une grève c’était déclarée sauvagement par les membres de l’équipage.

Nous avons ainsi péniblement patienté sous le soleil, sans eau, sans nourriture, dans la voiture, jusqu’à presque 16h pour monter dans le bateau qui a quitté le port à 17h au lieu de 11h avec une arrivée prévue le lendemain à 10h.

Une fois à bord du bateau, nous avons constaté une situation absolument anarchique et chaotique.

Pour commencer, il n’y avait (une fois de plus) pas de place de stationnement pour les personnes handicapées. L’ascenseur central ne fonctionnait pas. Le personnel n’intervenait pas en cas de difficulté et j’ai dû me débrouiller avec ma valise et mes béquilles.

Une fois arrivée dans notre cabine, mon épouse et moi-même avons constaté l’état de saleté déplorable dans lequel elle se trouvait. Mon épouse est alors allée voir le commissaire pour lui demander le changement de la cabine.

Le commissaire nous a alors attribué une cabine pour personnes à mobilité réduite. Cette cabine était également dans un état de saleté et d’insalubrité innommables comme vous le constaterez dans les photos en pièces jointes (saleté, la cuvette des toilettes démontée, lavabo, caniveau de la douche rouillé, sols sales, moquette très sale, etc…).

Avec un retard de plus de six heures, nous avons raté plusieurs rendez-vous, un professionnel et un familial prévus depuis longtemps.

Malgré cela, je vous informe que j’ai pris un billet aller / retour avec votre compagnie pour le trajet Marseille / Tunis / Marseille le 9 aout 2018 et un retour le 10 septembre 2018.

Je vous informe également que je suis père de quatre enfants majeurs et qu’avec leur famille ils prennent les bateaux de la C.T.N pour voyager entre la France et la Tunisie.

Je suis également Président d’une association maghrébine, ALWAN 2000, dans le cadre de laquelle j’ai participé activement avec le Consul général de Tunisie à Paris, Monsieur Ali CHAALALI ainsi que le Consul de Tunisie à Paris chargé de la société civile, Monsieur Naoufel ZIADI, à la préparation et la réalisation d’une journée de sensibilisation et de mobilisation de la communauté tunisienne en France en vue de l’encourager à faire le voyage vers la Tunisie, durant l’été 2016 afin de promouvoir la saison touristique en Tunisie. Lors de cette journée, la CTN était représentée, comme Tunisair, la douane tunisienne etc… Des centaines de familles ont été incitées et encouragées par l’ensemble des acteurs participants à rentrer en Tunisie avec leurs enfants.

J’espère que ce type d’actions de sensibilisation pourra se poursuivre, à condition que le service soit de qualité pour accueillir les familles de notre communauté résidentes à l’étranger.

Je vous remercie par avance pour l’attention que vous porterez à ma requête et je reste à votre disposition pour tout complément d’information.Hamed KRIBI