Tunisie: le schéma de développement pour le quinquennat 2010-2014
Le schéma de développement pour le prochain quinquennat (2010-2014) prévoit de porter la part de l'investissement
dans le PIB à 18,6% et d'accroître la contribution du privé au total investi à 60,8% contre 60,6% durant le quinquennat précédent.
L'enjeu est de taille lorsqu'on sait que pas moins de 425 000 emplois seront crées, au cours de cette période, et que le revenu par tête d'habitant sera porté à 7000 dinars à l'horizon 2014.
La réalisation de cet objectif repose sur l'investissement public (27 milliards de dinars), sur le renforcement des entreprises et sur bon nombre de réformes macro-économiques devant toucher l'environnement des affaires, l'investissement, la formation, l'infrastructure, le financement et l'encadrement.
Amélioration de l'environnement des affaires
Dans la perspective de renforcer la compétitivité des entreprises et de stimuler l'investissement dans les créneaux porteurs, le plan de développement préconise d'accélérer le processus des réformes législatives et organisationnelles et de l'adapter aux standards internationaux, notamment dans les domaines économique et financier( fiscalité, régime de changes) et d'améliorer la qualité des services administratifs destinés aux entreprises (réduction des délais de traitement des dossiers, simplification des procédures).
L'accent sera, également, mis sur la consolidation du rôle des instances de régulation des marchés et la consécration des principes de la bonne gouvernance, de transparence et de concurrence loyale. Le but final étant de protéger les intérêts des investisseurs et de l'ensemble des acteurs économiques.
Parallèlement, les efforts se poursuivront au cours du prochain quinquennat sur la voie de la libéralisation de l'investissement extérieur dans les différents secteurs d'activité, et plus particulièrement, les services.
Une attention particulière sera accordée à la facilitation des procédures du commerce extérieur, l'optimisation de l'utilisation des TIC en matière de commercialisation des produits, l'adhésion aux réseaux mondiaux de distribution et l'ancrage de la culture du commerce électronique. L'objectif est de renforcer l'intégration de l'économie nationale dans l'économie mondialisée.
Stimulation des investissements dans les secteurs à forte composante technologique
Dans l'optique d'une migration du modèle de développement tunisien vers un modèle de croissance tirée par l'innovation et le savoir, la Tunisie a engagé une série de réformes tendant à inciter les entreprises à intensifier l'investissement dans les créneaux à forte composante de savoir. A cette fin, l'accent sera mis sur l'incitation des entreprises à innover plus et à produire propre.
Il est ainsi prévu d'atteindre à l'horizon 2014, environ 17 500 normes certifiées et de faire passer le nombre de brevets d'invention de 90 au cours de la période(2005-2009) à 200 brevets au cours de la période du XII ème plan.
Il sera également question de poursuivre la réalisation des programmes de mise à niveau des différents secteurs économiques (agriculture, tourisme, artisanat). La finalité est d'optimiser l'exploitation du potentiel de production dont ils regorgent.
Pour ce qui est de l'industrie, le programme de mise à niveau industriel intégrera dans sa prochaine phase, le volet de la recherche scientifique.
Objectif : aider les entreprises à mettre en place leur programme d'innovation et de création.
Promotion des ressources humaines
En amont, la période du plan sera marquée par le développement du système de l'éducation et de la formation. Il s'agit de l'adapter aux nouvelles exigences de l'économie de savoir, à travers, notamment la modernisation des centres de formation et la consolidation du partenariat entre les systèmes de formation et de production.
Concomitamment, le système de l'enseignement supérieur connaîtra au cours de la même période une mutation qualitative dans le sens d'une meilleure adaptation des programmes d'enseignement aux besoins des entreprises.
Autres programmes prévus au cours de la prochaine période, l'intensification de la création des écoles d'ingénieurs. L'objectif national est d'accroître le nombre des ingénieurs à 9000 en 2014 contre 4773 en 2009.
Modernisation de l'infrastructure de base
Les efforts seront concentrés sur la modernisation de l'infrastructure routière, logistique et technologique. Le principal objectif poursuivi à travers cette option est d'impulser l'investissement dans les régions et de diversifier leur base économique, conformément aux normes internationales.
A cet effet, les efforts seront axés au cours du prochain quinquennat sur le renforcement des réseaux de routes classées et régionales, l'élaboration d'études sur le réseau autoroutier et les voies expresses à l'horizon 2030. L'objectif est d'atteindre 1500 km d'autoroutes au terme de la prochaine décennie.
L'infrastructure de la communication ne sera pas occultée. L'accent sera mis sur l'adoption des réseaux les plus modernes dans le domaine de l'Internet à haut débit, l'accroissement de la capacité de connexion pour la porter à 100 giga bits par seconde en 2014 contre 15 actuellement et la création de pôles technologiques en vue d'atteindre l'objectif d'un pôle technologique dans chaque gouvernorat.
Un intérêt particulier sera également porté au développement de l'infrastructure industrielle. Il est ainsi prévu de créer 49 nouvelles zones industrielles, dont 28 dans les zones de développement régional, le réaménagement des zones industrielles existantes et la constitution de réserves foncières d'une superficie de 10 000 hectares au terme de la décennie.
Amélioration du système de financement et d'encadrement
Consciente de l'enjeu d'améliorer le système de financement et d'encadrement des investissements, la Tunisie s'est fixée un bon nombre d'orientations dans ce domaine visant à répondre au mieux aux besoins de financement des promoteurs.
La démarche à suivre consiste pour l'essentiel à diversifier les sources de financement et à les adapter aux besoins des investissements dans les secteurs innovants et à forte composante technologique. Il s'agit aussi d'aider les entreprises à équilibrer leur structure financière (consolidation des fonds propres).
La stratégie arrêtée à cet effet, vise également à améliorer l'encadrement des promoteurs, sur la voie d'une meilleure adaptation des services d'assistance à fournir, aux spécificités des activités à forte valeur ajoutée.
En matière de financement bancaire, une attention particulière sera portée au renforcement des assises financières des banques et à l'amélioration de leur capacité d'évaluation des projets et de maîtrise des risques. Un grand intérêt sera accordé à l'agrandissement de la taille des banques.
Dans cette optique seront crées un pôle bancaire public « Tunisie holding », un pôle bancaire off shore « Tunisie Foriegn Bank » dédié au renforcement de la présence d'un plus grand nombre de banques tunisiennes à l'étranger et un pôle financier spécialisé dans le financement des PME « El Moubadara », holding chargé de fournir des services de financement, de garantie, de consultation et de conseil.
Le financement non bancaire sera développé quant à lui par la dynamisation du marché financier et le renforcement de son rôle dans le financement de l'entreprise à travers l'incitation des sociétés à s'introduire en bourse conformément aux règles de transparence et de bonne gestion en vigueur.