Tunisie - L'entreprise tunisienne se caractérise par "un climat social morose et maussade"
L'écosystème des entreprises tunisiennes se caractérise par "un climat social morose et maussade" qu'il faudrait gérer pour permettre le redécollage de l'économie tunisienne, estime le sociologue tunisien, Ridha Boukraa.
Une étude réalisée par M. Boukraa et présentée lors du colloque régional maghrébin organisé, récemment, par l'association des responsables de formation et de gestion humaine dans les entreprises (ARFORGHE), a détaillé les principaux handicaps qui entravent l'avancement de l'entreprise tunisienne.
L'absence d'une vision globale des perspectives économiques, une chute du niveau d'investissement et l'accroissement des tensions sociales et politiques sont autant de facteurs qui freinent l'évolution de l'entreprise tunisienne qui fait face à d'autres obstacles.
Il s'agit, notamment, de l'absence de coopération dans la prise de décision économique et financière entre les principaux acteurs économiques (banques centrales, organisations patronales et syndicales, administration publique) et la diffusion d'une image négative des entrepreneurs, souligne l'étude. Cette situation a favorisé l'installation d'une culture hostile à l'entreprise et un sentiment d'insécurité et d'incertitude chez les acteurs économique, a-t-il encore avancé dans son analyse.
Loin de tenir un discours exclusivement pessimiste, le sociologue tunisien de renommée internationale déclare "Comme l'être humain, l'entreprise est dotée de capacités de résilience qui lui permettent de résister aux traumatismes et de renaître de ses cendres ou de disparaître laissant place à des entreprises naissantes".
Dans son environnement post-révolutionnaire, l'entreprise tunisienne subit quelque soit son statut, différentes pressions provenant de l'environnement politique, économique, administratif et culturel, explique le sociologue.
Elle subit, aussi, "une pression territoriale communautaire" puisqu'elle fait l'objet d'appropriation collective profitant de la faiblesse du pouvoir central, a-t-il dit.
Le sociologue constate, également, que l'entreprise reste caractérisée par la verticalité et l'absence de participation, l'insécurité et la corruption, autant de facteurs qui handicapent l'entreprise, a-t-il constaté, d'où la nécessité de développer une réflexion sur la base d'informations et d'observations de terrain à travers les techniques des baromètres sociaux qui permettent "une analyse quantifiable de la tonalité du climat social global et permettant la traçabilité cumulative des indicateurs et des indices qui se succèdent dans le temps", a dit M. Boukraa.
Il a appelé à la création d'un observatoire de l'entreprise permettant un pilotage efficace de l'économie nationale.
TAP