Tunisie: Les banques publiques tirent vers le haut, les privées privilégient la prudence
« L’activité du crédit a poursuivi son ralentissement entamé en 2018. Le secteur a enregistré en 2019 une progression modérée du volume de ses engagements de 4,2%, atteignant ainsi 68 milliards de dinars. ». C’est ce qui ressort d’une note de conjoncture récente publiée par Tunisie Valeurs sur les indicateurs d’activité du secteur bancaire. En effet, le resserrement de la politique monétaire et le plafonnement du ratio de transformation ont freiné la distribution des crédits.
Selon cette note, les crédits aux particuliers (crédits à la consommation et au logement) ont affiché une croissance de 0,4% en 2019 contre une hausse de 5,5% en 2018, alors que ceux aux professionnels (notamment les crédits aux entreprises) ont augmenté de 4,7% en 2019, contre une progression de 10,2% en 2018.
En réalité, c’est sur le deuxième semestre que la décélération des crédits a été la plus ressentie. En fait, la croissance des crédits était de 2,6% sur le premier semestre 2019 et s’est établie à 1,5% seulement sur la deuxième moitié de l’année.
Ce sont par ailleurs les banques publiques qui ont tiré vers le haut la production du secteur (+9% à 27,8 milliards de dinars), alors que le secteur privé a fait preuve de sagesse, privilégiant la prudence aux volumes (+1,1% à 39,6 milliards de dinars), précise la note.
Toujours selon Tunisie Valeurs, la palme d’or est revenue à l’ATB. Après une année 2017 « morose » au niveau des crédits, la filiale du Groupe Arab Bank semble entamer une nouvelle politique commerciale plus dynamique. Le volume des engagements de la banque a cru de 16,4% à 4,8 milliards de dinars.
Confortée par la réussite de sa dernière recapitalisation, menée l’été dernier (une injection de fonds propres de 167MDt), la BNA repart à la quête des parts de marché. La banque étatique a vu son encours des crédits croitre de 13% à 10,5 milliards de dinars, détrônant ainsi la BIAT au 1er rang dans le palmarès des crédits. Il s’agit d’une première depuis 2015. Cette politique commerciale plus active s’est faite au prix d’un ratio de transformation en expansion (+3,7 points de pourcentage) à 113,6%, soit le niveau le plus élevé à l’échelle du secteur. Une autre carence, et non des moindres au niveau des fondamentaux de la BNA ; sa qualité du portefeuille encore fragile : un taux de créances classées de 16,9%, au 30 juin 2019, couvertes à hauteur de 53,8%.
La STB poursuit sur sa lancée commerciale, affichant une croissance vigoureuse des crédits pour la troisième année de suite. Le portefeuille des crédits de la banque a progressé de 10,5%, frôlant 8 milliards de dinars. La dynamique commerciale de la banque est d’autant plus à saluer qu’elle s’est accompagnée par une meilleure maitrise du ratio de transformation (en régression de 4,8 points de taux à 102,6%). Et pour cause, la collecte soutenue et la bonne tenue des ressources spéciales (+9,7% à 312,3MDt).
Dans la continuité de 2018, Attijari Bank fait preuve de prudence. L’encours de crédit de la filiale du Groupe Attijariwafa Bank a enregistré une augmentation de 5% à 5,7 milliards dinars. Avec un ratio de transformation global de 77,8% à fin 2019, le plus faible de la place et une qualité du portefeuille à la pointe du secteur, Attijari dispose d’un potentiel de croissance encore inexploité sur les crédits.
La BH crée la surprise et termine l’année avec une croissance timide de 3,7% à 9,5 milliards de dinars. Le leader des crédits logement a nettement réduit les voiles sur les crédits pour « digérer » la forte croissance des dernières années (un bond annuel moyen de 17,6% sur la période 2014-2018). Cette politique a porté ses fruits au niveau du ratio de transformation qui a fléchi de 3,1 points de taux à 112,1%.
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