Tunisie: Les mises en garde de la Banque mondiale
Lors d'une réunion tenue, récemment, à Tunis, en présence de représentants de la direction de la promotion sociale au Ministère des affaires sociales, des experts de la Banque mondiale ont mis en garde contre la poursuite de programmes d'aides sociales, qui se sont avérés défaillants en matière de ciblage des catégories pauvres, lesquelles devraient être concernées par ces programmes.
Ils ont, même, repéré plusieurs lacunes dans les programmes adoptés par le gouvernement, en ce qui concerne l'octroi des aides sociales, notamment, le PNAFN et le programme national de soins à tarifs réduits (PNSTR).
Un responsable du Ministère des affaires sociales, qui a requis l'anonymat, a indiqué que "lesexperts de la Banque mondiale ont appelé à la révision des critères adoptés pour l'octroi des aides et à recourir à des instruments scientifiques plus précis, pour garantir une meilleure efficacité, de ces programmes".
Il a ajouté que les programmes adoptés "n'ont pas contribué à la réduction du taux de pauvreté, estimé actuellement à 11%, ni à la diminution des disparités régionales qui étaient la cause directe de la révolution du 14 janvier 2011".
Le gouvernement actuel avait annoncé, dans le cadre de son programme économique et social, l'élargissement de l'éventail des aides destinées aux familles nécessiteuses pour englober à 50.000 familles supplémentaires, portant, ainsi le nombre total des ménages concernés par les interventions du PNAFN, à 235.000. Ce programme copte au budget de l'Etat environ 280 millions de dinars par an.
Ces familles bénéficient d'une pension mensuelle dont le montant a été augmenté par le gouvernement actuel de 70 dinars, à 100 dinars. "Cette décision d'étendre les aides à 50.000 familles supplémentaires, n'a pas été basée sur une étude préalable, ciblant les familles devant intégrer le programme. De même qu'il n'a pas été procédé à l'évaluation du degré d'efficacité des programmes adoptés", a encore avancé le responsable du Ministère des Affaires sociales.
D'après le même responsable, plusieurs familles bénéficiaires du programme profitent en parallèle du programme des chantiers, ce qui incompatible avec les objectifs du programme.
"Le ministère refuse la révision des critères adoptés dans l'octroi des aides", a-t-il encore révélé, "par peur d'une réaction sociale qui pourrait décrédibiliser le gouvernement actuel auprès des électeurs", a-t-il dit.
Il a appelé, par ailleurs, à "ne pas utiliser ces programmes à des fins préélectorales et d'en assurer la neutralité", d'autant plus qu'ils ont un grand impact sur le budget de l'Etat, les transferts sociaux représentant 15% du PIB.
Source : TAP