Tunisie - Menace de grève générale à Sfax
La commission administrative régionale, relevant de l'Union Régionale du Travail, à Sfax, a tenu samedi 28 juillet, une réunion, pour débattre des événements du CHU Hedi Chaker, de la situation tendue qui prévaut après la suspension du sit-in observé à l'hôpital universitaire et des arrestations de quelques représentants du syndicat de base de l'hôpital.
Quatre personnes ont, en effet, été transférées en justice, au tribunal de première instance à Sfax 2, suite aux derniers heurts survenus, le 18 juillet 2012, entre les agents de sécurité et les sit-inneurs parmi les syndicalistes.
Ces derniers ont contesté, lors d'une tentative d'arrêter le sit-in, conformément à une décision judiciaire, publiée à cet effet, le retour du directeur général de l'hôpital, Jamel Hakim, à ses fonctions. Ces heurts ont engendré des blessures dans les deux camps.
Cette réunion, présidée par Noureddine Tabboubi, membre du bureau national de l'UGTT, s'est prolongée durant cinq heures.
Deux scénarios ont été proposés : soit une grève générale, soit une grève sectorielle. Les congressistes ont adopté la deuxième variante avec pour principales décisions l'observation, à partir de la semaine prochaine, d'une série de grèves dans les secteurs public et privé, lesquelles seront suivies d'une grève régionale générale dans le gouvernorat de Sfax, au cas où les syndicalistes arrêtés ne sont pas libérés et les poursuites judiciaires à leur encontre ne sont pas annulées.
Les premières grèves sectorielles débuteront par une grève dans le secteur de la santé, et ce le mercredi 1er août. Elle sera suivie d'autres grèves sectorielles le 2 août pour le secteur des finances, des eaux et de l’électricité et du gaz ; le 3 août pour les secteurs de l'équipement des PTT et la radio de Sfax ; le 6 août pour le secteur des transports ; et le 7 août pour le secteur du pétrole et des caisses sociales ; soit une moyenne de trois secteurs par jour dans le public.
Le bureau exécutif de l'union fixera les dates de la deuxième série de grèves sectorielles dans le secteur privé.
La commission a appelé au retrait de la sécurité et l'armée de l'enceinte du centre hospitalier universitaire (CHU) Hédi Chaker.
Il y a lieu de signaler que le lundi 30 juillet 2012 sera la première séance du jugement des quatre détenus transférés en justice.
Certains agents de la santé, à l'hôpital Hédi Chaker, ont observé samedi, au siège de l'union régionale de Sfax, un mouvement de protestation, concomitamment avec le démarrage des travaux de la commission administrative, et appelé à la libération des détenus et l'indépendance du travail syndical.
Sur un autre plan, les protestataires ont demandé, dans une lettre ouverte au nom des bases syndicales, à l'hôpital Hédi Chaker, à Sfax, destinée à l'opinion publique et aux membres de la commission administrative de l'Union Régionale du Travail de Sfax, de transférer toute personne ayant commis des infractions syndicales à la commission de l'ordre.
Ils ont également demandé, de "criminaliser tous ceux qui ont porté atteinte au travail syndical pour l'utiliser à des fins personnelles.
Les expéditeurs de cette missive ont relevé, par ailleurs, "les injustices matérielles et morales qu'ont subies les employés syndiqués parmi les membres de l'organisation, au cours des derniers mois et années, et qui sont le résultat des actions du groupe qui domine la composition du syndicat du centre hospitalier cité."
Le même communiqué précise que ce groupe a exploité le travail syndical pour servir ses intérêts matériels personnels et œuvrer au profit d'agendas partisans conduisant à des conflit entre les agents du centre hospitalier et avec la direction de l'hôpital. Une situation, ajoute-t-il, qui a influé sur la qualité des services, portant atteinte aux intérêts citoyens mais aussi à la réputation de l'ensemble du personnel de l'hôpital".
Cette lettre passe également en revue "une série de dossiers relatifs aux dépassements, à la corruption et au clientélisme dans lesquels ce groupe est impliqué avec la complicité de l'ancienne administration de l'hôpital avant la révolution".
Les "bases syndicales" précisent, dans la lettre, que "plus de 500 signatures ont été collectées exigeant dans une pétition le retrait de la confiance du bureau syndical actuel et la tenue d'un congrès extraordinaire pour l'élection d'un nouveau bureau".
H. Ounelli