Tunisie: Moins de réserves en devises, c’est plus de risques de dépréciation du dinar

Tunisie: Moins de réserves en devises, c’est plus de risques de dépréciation du dinar

Par Amine Ben Gamra

Il n’est un secret pour personne que la Tunisie se trouve dans une situation financière très dégradée. Les différentes pénuries dont souffre le pays montrent, entre autres, que la Tunisie essaye de limiter ses importations afin d’alléger la pression sur les réserves de devises, qui fondent comme neige au soleil. A noter que selon les derniers chiffres de la Banque centrale de Tunisie, elles ne couvrent aujourd’hui que 94 jours d’importations, soit leur plus bas niveau depuis juillet 2019.

Pire encore, l’approche du règlement des échéances des crédits qu’a contracté la Tunisie avec les bailleurs de fonds et le report par le Fonds monétaire international (FMI) à début janvier au plus tôt d’un accord définitif sur un nouveau prêt de 2 milliards de dollars, vont mettre à sec les réserves de devises détenues par la BCT.

Ces nouvelles sont inquiétantes et la Tunisie ne doit pas rester les bras croisés, en implorant dieu pour que rien ne vienne perturber le statu quo sociopolitique actuel…

La Banque centrale doit agir rapidement et commencer par se prononcer au sujet de ces projections très inquiétantes. Elle peut nuancer, démentir, ou simplement dire aux Tunisiens son plan de match… plan A, plan B ou même plan C.

En effet, moins de réserves en devises, c’est plus de risques de dépréciation du dinar. Un dinar plus faible profite aux consommateurs européens, qui achètent le poisson, l’huile d’olive, les agrumes, des séjours touristiques… à des prix dérisoires. Ce qui appauvrit les producteurs et les travailleurs tunisiens, et réduit la demande locale.

Dévaluer le dinar c’est rendre les produits importés plus chers, par rapport aux capacités des ménages et finir par générer les pénuries et les spéculations. C’est aussi une façon de pénaliser l’investissement des entreprises qui ne peuvent plus renouveler leurs équipements importés pour rester dans la compétition.

La BCT doit sortir de son mutisme; elle est censée défendre le dinar… et donc le pouvoir d’achat de douze millions de consommateurs. Son mutisme ajoute de l’incertitude et empirerait la situation …

Défendre le dinar, c’est défendre le pouvoir d’achat du Tunisien. En ces temps de disette, c’est bien le pouvoir d’achat qu’on veut en Tunisie. Défendre le dinar, c’est aussi protéger la valeur des actifs tunisiens (entreprises, actions, patrimoine), pour ne pas les brader sur les marchés internationaux, à des fonds vautours et des multinationales assoiffées de gains faciles. 

Amine BEN GAMRA
Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie

 

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