Tunisie : quand le directeur de transport terrestre « met les pieds dans le plat »
Une déclaration pour le moins surprenante et saugrenue du directeur général du transport terrestre, Habib Ammar, sur l’interdiction du covoiturage, a suscité des réactions hostiles de la part de l’ensemble des citoyens concernés. Selon ce responsable « les personnes qui recourent au covoiturage peuvent encourir une amende de 700 dinars pour activité illégale ». Il a affirmé sur les ondes de Diwan FM, mardi 9 avril 2019, que « ce phénomène se développe de plus en plus. Certains utilisent Facebook pour organiser le covoiturage. Juridiquement parlant, il est strictement interdit d’offrir un service en contrepartie d’une somme d’argent ».
Cette décision du ministère de transport intervient après l’accord conclu avec la fédération générale de transport relevant de l’UTICA portant notamment sur l’augmentation de 8% des tarifs dans le transport irrégulier à partir de janvier 2020.
Si l’on comprend parfaitement le souci du ministère et des organisations professionnelles concernées d’interdire le transport dit clandestin largement pratiqué, on comprend mal cette décision qui pénalise des milliers de citoyens parmi ceux qui font régulièrement la navette entre leur lieu de travail et leur domicile. Ils sont enseignants, médecins, cadres admiratifs, juges, employés dans des entreprises publiques et privées et autres à recourir à cette pratique qui procure des avantages à la fois individuels et collectifs. Le covoiturage permet, en effet, de se partager les dépenses de carburant et de maintenance, agrémenter les voyages, développer le lien social. Comme il permet de diminuer les embouteillages et la pollution, voire le risque des accidents.
M.Ammar est bien placé pour reconnaitre que transport public a connu une grande dégradation de la qualité de ses services. L’état lamentable du parc ajouté aux arrêts incessants du trafic en raison des grèves n’a fait qu’accentuer la crise dont souffre le secteur. Encombrement, retard et insalubrité sont devenus le lot quotidien. Sans parler des braquages, agressions et harcèlements qui sévissent toujours
A son tour, le transport privé, taxis individuels et collectifs, louages et transport rural n’est pas du reste. Les ministères de transport et de l’intérieur n’ont qu’à vérifier ce qui se passe sur nos routes et dans les agglomérations. Aucun respect du code de la route ni de la dignité des usagers.
Le covoiturage, messieurs les responsables du transport, est utilisé dans plusieurs pays qui mettent, même, en place des aires de stationnement servant de points de chute, des voies réservées en cas d'embouteillage, etc. Il est encouragé par les autorités de ces pays qui l’ont intégré dans leur « plan de mobilité » avec des incitations aux « changements des comportements ».
C’est pourquoi, le ministère de transport est appelé à revoir cette décision impopulaire et pénalisante pour de nombreux citoyens.
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