Tunisie: Que cache la réconciliation entre Karoui et Chahed ?

La glace semble avoir été brisée entre Youssef Chahed et Nabil Karoui. Les deux hommes qui se sont détestés comme jamais, semblent avoir repris langue grâce à la médiation de Rached Ghannouchi. Ce dernier, à la recherche de nouvelles alliances après le faux bond du Courant démocrate et du mouvement Achaab, s’est tourné vers Qalb Tounes et Tahya Tounes pour tenter de sauver le gouvernement composé par Habib Jemli, l’homme d’Ennahdha et qui risque de pas obtenir la confiance de l’ARP au cours de la plénière prévue pour vendredi prochain. Il a réuni les deux ennemis jurés pour les réconcilier et leur demander d’enterrer la hache de guerre, moyennant la promesse de remanier l’équipe Jemli avant son passage devant le parlement pour satisfaire les deux nouveaux partenaires.

Il semblerait, d’ailleurs, que la rencontre, hier, entre le président de la République et le président de l’ARP ait eu pour but de tâter le pouls du chef de l’Etat sur la possibilité d’introduire des modifications sur la composition du gouvernement annoncée par Jemli et dont la liste a été communiquée au Parlement. Kais Saied lui-même a émis des réserves sur certains noms et la proposition du magistrat Imed Dérouiche au poste de ministre de la Défense a suscité la réprobation de la Ligue tunisienne des droits de l’homme qui l’accuse de l’avoir dissoute en 1990.

A son tour Ennhadha a des réserves contre lui et contre les noms proposés pour certains départements dont ceux des technologies et de l’économie numérique, du commerce, de l’éducation et de la culture. Alors que Nabil Karoui qui a déclaré ne pas cautionner l’équipe de Jemli, se plaint de ne pas avoir pu imposer quelques-uns de ses proches. Son parti Qalb Tounes a émis des réserves contre les candidats proposés pour les ministères de l’Intérieur, de la Justice, du Commerce, des Technologies, de la Jeunesse et du Sport, des Collectivités locales, de l’Agriculture et de l’Equipement.

Quant à Tahya Tounes qui a déjà annoncé ne pas voter la confiance au gouvernement, il semble revenir à l’idée de participer au gouvernement. Son président Youssef Chahed, après avoir désespéré du ministère des Affaires étrangères, lorgne du côté de Bab Menara, siège du ministère de la Défense, alors que son alter ego Sélim Azzabi se verrait bien au commerce.

Pendant ce temps, Habib Jemli se trouve tiré à hue et à dia. Le temps travaille contre lui et il n’est pas encore assuré des 109 voix nécessaires pour faire passer son équipe. Et même s’il a déclaré son opposition à toute modification avant l’obtention du vote de confiance, il ne pourra pas résister aux pressions, surtout si le président Saied s’en mêle.