Tunisie : sans vaccin, la grippe A /H1N1 gagnera encore du terrain
3175 cas confirmés et 18 décès, c'est le bilan actuel de la situation épidémiologique due au virus de la grippe A/H1N1
après la première vague de froid, soit depuis mi-novembre dernier.
« Au stade actuel de la pandémie, on ne recense plus le nombre exact des cas de personnes atteints par ce virus, mais on donne plutôt des estimations approximatives sur le taux de contamination et les décès enregistrés », c’est ce qu’a déclaré, hier, M. Noureddine Achour, directeur de l’observatoire national des maladies nouvelles et émergentes, lors de la rencontre d’information périodiques organisée par le ministère de la santé publique au profit des représentants des médias nationaux.
Il en ressort de cette rencontre, la 6ème depuis la proclamation de l’état de pandémie (mi-novembre), que le nombre des cas confirmés en Tunisie s’élève à 3175 cas dont 1095 dépistés grâce au PCR et 2080 en effectuant le test rapide.
Et d’indiquer que seuls 600 cas ont été admis et hospitalisés au sein des structures de santé publique dont la moitié souffrant de maladies chroniques, et l’autre moitié ne présentant aucuns facteurs de risque.
Selon le conférencier, le plus important dans ces chiffres voire le plus alarmant, c’est le fait que 55% des personnes atteintes par le virus sont âgées entre 5 et 18 ans, soit une frange relativement jeune.
S’agissant des décès, le conférencier a annoncé 18 décès enregistrés en Tunisie dont 3 femmes enceintes, un bébé de trois mois et des jeunes gens bien portant.
En effet, explique M. Achour : « contrairement à la grippe classique, la Grippe A/ H1N1 est plus fréquente chez les sujets jeunes, dans le sens où elle tue les patients âgées ou qui présentent des facteurs de risque comme elle peut tout aussi bien tuer des jeunes en bonne santé apparente, mais qui décèdent rapidement. Ceci fait que l’environnement de cette grippe demeure énigmatique et sa compréhension reste difficile.
En Tunisie l’accélération de l’épidémie a donné lieu à plusieurs foyers notamment en milieu scolaire. Et aujourd’hui, personne ne peut prétendre connaître le nombre exacte et réel des cas sur le territoire national.
Néanmoins, il faut savoir que la Tunisie est l’un des rares pays a avoir continué de faire les tests biomoléculaires même après l’entrée en phase d’épidémie et ce, pour mieux protéger les malades à risque.
La vaccination, meilleure moyen de prévention
De son côté, rappelant que la stratégie national consistait en une méthode barrière avec pour objectif de freiner au maximum l’expansion de l’épidémie face à a transmission rapide du virus, M. Mongi Harmouni, directeur des soins et de la santé de base, a précisé qu’au stade actuel la vaccination demeure le meilleur moyen sans conteste de prévention contre cette grippe, baptisée par les spécialistes internationaux « grippe maligne ».
Pour ce faire, ajoute M. Mongi Hamrouni, 300 mille doses de vaccins avec adjuvants sont disponibles actuellement dans notre pays en plus des 30 mille doses de vaccins sans adjuvants qui devront d’ailleurs être renforcées par 22 mille doses supplémentaires ces jours-ci. Ces doses sans adjuvants permettront d’appuyer la campagne de vaccination des femmes enceintes et des enfants âgés de 6 à 24 mois.
Quant au nombre total des doses administrées jusque là, celles-ci s’élève à 150 mille doses dont 10 doses administrées à des femmes enceintes.
Le dernier à intervenir au cours de la rencontre est M. Mohamed Lakhal, directeur du centre national de Pharmacovigilance qui a surtout mis l’accent sur le programme de suivi et de dépistage des effets indésirables provoqués par le vaccin de la grippe A/H1N, un programme dont, les prérogatives sont, entre autres, de vérifier le degrés d’exactitude de ce qui se dit de part le monde et notamment en Tunisie concernant l’efficacité du vaccin et la question des adjuvants.
M. Mohamed Lakhal a, pour ce faire, expliqué qu’en dépit de ce qui se dit un peu partout dans le monde sur les effets indésirables et sur la nocivité du vaccin voire des adjuvants, aucune étude sérieuse n’a formellement démontré la nocivité du vaccin ou de ses adjuvants.
Et d’ajouter qu’à l’instar de tout autre vaccin, il y a des contre-indications, mais que ces derniers ne peuvent être un prétexte pour lancer des psychoses. Ces contre-indications ressemblent fortement à ce qui se passe après l’administration du vaccin contre la grippe saisonnière.
Ce qu’il en est en Tunisie, c’est que sur les 150 mille doses administrées, seuls 15 cas d’effets secondaires ont été signalés. Il s’agit d’effets sans danger ni risques pour la santé des patients et ont principalement trait à des maux autour du point d’administration du vaccin, à des brulures légères et à de la fièvre.
Le vrai problème qui suscite toute l’attention, indique le directeur du centre national de Pharmacovigilance, est la réticence des gens à se faire vacciner. « Alors qu’ailleurs, les gens doivent s’inscrire dans des listes d’attentes pour se faire vacciner contre la grippe A/H1N1, en Tunisie où le vaccin est disponible, on hésite à y procéder », a-t-il souligné, pour ajouter : « de toutes façons, à partir de l’année prochaine, la souche H1N1 va être incluse dans la composition même du vaccin de la grippe classique ou saisonnière.