Tunisie: sauver l'école avant qu'il ne soit trop tard!

Rien n’est fortuit : tout semble au contraire prémédité dans une logique visant à semer le désordre et à fragiliser l’institution éducative. Deux phénomènes inquiétants se rejoignent et se renforcent : d’un côté, l’invasion des établissements scolaires par la drogue et les psychotropes ; de l’autre, l’instrumentalisation de la religion à travers des pratiques organisées et encouragées, comme le fait de pousser des élèves à accomplir collectivement la prière dans l’enceinte des écoles.
La diffusion de la drogue dans les lycées et collèges n’est pas seulement une question de déviance individuelle. Elle traduit une stratégie plus large : déstructurer la jeunesse, miner ses repères et l’affaiblir intellectuellement et psychologiquement, pour la rendre plus vulnérable à toutes les formes de manipulation. La consommation précoce de substances illicites engendre une dépendance qui réduit la capacité de discernement et accroît les comportements violents ou apathiques, fragilisant ainsi le tissu social dès sa racine.
Parallèlement, l’exploitation de la religion dans un cadre scolaire, espace censé rester neutre et consacré exclusivement à la transmission du savoir, rappelle de sombres souvenirs. Les slogans à caractère religieux scandés par des élèves, les pressions exercées pour transformer l’école en lieu de prière ou en tribune idéologique, renvoient directement aux années troubles qui ont suivi la chute du régime de Ben Ali. Entre 2011 et 2014, la société tunisienne avait en effet été secouée par la montée d’un discours intégriste qui tentait d’investir les institutions publiques, y compris l’école, pour en faire un terrain de recrutement et d’endoctrinement.
Ces deux dynamiques – la drogue et l’extrémisme religieux – ne sont pas des phénomènes isolés. Elles participent d’un même projet de déstabilisation : fragiliser la jeunesse, diviser la société et affaiblir l’État. L’école, qui devrait être un sanctuaire de savoir, d’esprit critique et de citoyenneté, se retrouve prise pour cible parce qu’elle constitue le cœur de la formation des générations futures.
Derrière ces dérives, une question cruciale se pose : qui a intérêt à ce chaos ? En l’absence de réponses claires, l’urgence demeure de protéger l’institution éducative, de restaurer son rôle central et de couper court à toute tentative de manipulation des élèves, qu’elle passe par la dépendance aux drogues ou par la récupération idéologique et religieuse.
B.O
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