Edgard Pisani, le maltais de Tunis devenu ministre de de Gaulle et de Mitterrand

Edgard  Pisani, le maltais de Tunis devenu ministre de de Gaulle et de Mitterrand

Edgard Pisani mort le 20 juin 2016 à l’âge de 97 ans est le maltais de Tunis (où il est né le 9 octobre 1918) qui est monté à Paris où il a eu une longue carrière politique. Il est parmi les rares hommes politiques à avoir été sous-préfet, préfet, député, ministre, sénateur mais aussi commissaire européen et président de l’Institut du monde arabe. Il est parmi les rares à avoir réalisé la prouesse d’être ministre à la fois du Général Charles de Gaulle et son adversaire le plus déterminé François Mitterrand.

Arrivé à 18 ans de Tunisie à Paris, Edgard Pisani étudie au Lycée Louis-le Grand où il obtient une licence de lettres. Il est ensuite diplômé du Centre de hautes études administratives et de l’Institut des hautes études de Défense Nationale. Lorsque la Seconde guerre mondiale éclate, il rejoint la résistance intérieure et participe notamment à la libération de la préfecture de police de Paris en août 1944. Deux ans plus tard, il est nommé préfet de la Haute-Loire puis de la Haute-Marne. En 1954, il est élu Sénateur de cette région Partisan de la construction européenne, Pisani vote en faveur de la création du marché commun et de l'Euratom (23 août 1957). Le 16 mai 1958, Edgard Pisani vote contre l'état d'urgence, préférant une solution autour d'une confédération nord-africaine.

Les 2 et 3 juin 1958, il vote les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle. En 1961, il est nommé ministre de l'Agriculture du gouvernement Michel Debré puis des gouvernements Pompidou jusqu'en 1966 A ce poste, il lance une grande loi de modernisation de l'agriculture française et participe à la mise en place de la PAC, la Politique Agricole Européenne Commune. Il est ensuite ministre de l’Équipement et du Logement dans les gouvernements Pompidou III et IV jusqu'à sa démission en avril 1967, opposé à la volonté du Premier ministre de gouverner par ordonnances.

Redevenu député, il vote la motion de censure en 1968 et démissionne de l'Assemblée après un discours à la tribune où, attaquant Georges Pompidou, il déclare « Ce faisant, j'ai le sentiment d'être plus fidèle que vous à l'homme que j'ai soutenu depuis la Résistance » (il parlait du général de Gaulle).

Fondateur du Mouvement pour la réforme (MPR, parti gaulliste de gauche), il siège à l'Assemblée nationale en 1967 comme député UD-Ve République puis au Sénat de 1974 à 1981, comme sénateur socialiste. Il est nommé à la Commission Européenne, après mai 1981. Il y reste deux années. Membre de la commission Brandt (du nom du chancelier allemand Willy Brandt), il participe à l'élaboration du Rapport Nord-Sud.

Haut Commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie en 1984 et 1985 en pleine période d'affrontements violents entre partisans et opposants de l'indépendance puis ministre chargé de la Nouvelle-Calédonie de mai à novembre 1985, il propose notamment un projet d'indépendance-association, rapidement rejeté par les deux camps, puis contribue à l'élaboration, avec le Premier ministre Laurent Fabius, du statut « Fabius-Pisani », qui sépare notamment la Nouvelle-Calédonie en quatre circonscriptions et prévoit la tenue d'un référendum d'autodétermination.

Tout en étant chargé de mission auprès du président Mitterrand de 1986 à 1992, il est président de l' Institut du monde arabe de 1988 à 1995. Sa présidence est controversée à cause de problèmes financiers et de projets inaboutis et est écourtée. En 1992, il devient membre du Conseil économique et Social, la dernière fonction qu’il a assumée. Tunisien de cœur il était resté très attaché à son pays natal où il avait ses habitudes. Il serait tout fait indiqué que notre pays soit représenté à un rang élevé à ses obsèques. R.B.R.

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