Abdallah Kallel a-t-il été piégé par Rached Ghannouchi ?

Abdallah Kallel a-t-il été piégé par Rached Ghannouchi ?

 

Le président du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi a reçu, chez lui,  au cours de la semaine dernière l’ancien ministre de l’intérieur Abdallah Kallel qui était accompagné de l’ancien ministre des affaires religieuses Jalloul Jeribi et d’autres hauts cadres du régime de Ben Ali, Alifa Farouk anciennement ministre et membre du bureau politique du RCD ainsi que  les anciens députés Kamel Chérigui et Youssef Kachouti. 

Abdallah Kallel, qui est considéré comme l’un « des faucons » du régime de Ben Ali, a été deux fois ministre de l’intérieur, successivement du 17 février 1991 au 24 janvier 1994, puis du 17 novembre 1997 au 23 janvier 2001. Il a agalement, occupé deux autres ministères régaliens, la justice et la défense avant de prendre la présidence de la chambre des conseillers en 2004 et jusqu’à sa dissolution après le 14 janvier 2011. Kallel est accusé par les islamistes du mouvement Ennahdha d’avoir diligenté une campagne de torture contre ses militants et couvert les tortionnaires. De son côté Jalloul Jeribi qui a été ministère des affaires religieuses de novembre 1999 à novembre 2004 et président du conseil supérieur islamique en 2010, est accusé d’avoir « conduit une campagne de recensement du nombre des pratiquants et engagé la chasse aux prieurs de l’aube ».

Une source proche des deux anciens ministres, nous a confié que beaucoup de destouriens étaient contre cette rencontre avec le président d’Ennahdha parce qu’on « sentait le piège ». Elle intervient à la veille du démarrage des auditions publiques des victimes des tortures et des abus commis sous les régimes de Bourguiba et Ben Ali, ce qui accréditerait la thèse que l’ancien ministre de l’intérieur serait tenté par une confrontation en public avec les victimes. La même source a ajouté que cette rencontre a permis à Ghannouchi de se placer, en ce moment précis, en tant qu’homme du pardon qui prône « la mansuétude » et qui veut tourner la page du passé avec ses malheurs.

Cette rencontre, si elle a été appréciée par une bonne partie de la classe politique, elle a été critiquée par les autres « faucons », ceux du mouvement Ennahdha qui accusent leur président de blanchir les symboles de l’ancien régime. Certains vont même jusqu’à prétendre que Rached Ghannouchi veut se positionner en vue d’une éventuelle candidature à la présidence de la république en 2019 en ralliant de hauts dignitaires de Ben Ali.

Il est signaler qu’aucun communiqué n’a été publié par le mouvement Ennhadha à la suite de cette rencontre.

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