Afif Kchouk: "Les hôteliers doivent se regrouper pour se défendre après la faillite de Thomas Cook"
La faillite du Groupe Thomas Cook aura de graves répercussions sur le tourisme tunisien… Pour voir plus clair à ce sujet, Espace Manger a interviewé M. Afif Kchouk, président de l’Union Nationale de l’Industrie Hôtelière (UNIH) et Directeur de l’Observatoire du Tourisme. Récit :
Espace Manager : Selon vous quel sera le montant des pertes pour la Tunisie après la faillite de Thomas Cook ?
A.K : Les pertes seraient de l’ordre de 20 millions d’euros, soit 70 millions de dinars environ.
Outre les hôteliers, quelles seront les autres parties tunisiennes qui seraient touchées par la faillite du voyagiste britannique ?
Les agences de voyages qui assurent le réceptif du TO en Tunisie, et en charge des transferts et excursions de ses clients en Tunisie ; les compagnies aériennes du pavillon national ; et bien sûr le commerce de l’artisanat et les autres activités paratouristiques (location de voitures, restaurants…)
A quoi doivent s’attendre les hôteliers tunisiens après la faillite de Thomas Cook ?
A de grosses difficultés financières pour le remboursement de leurs crédits en particulier, à un manque à gagner important pour le reste de la saison 2019 et à des difficultés commerciales pour l’année prochaine. Car ce n’est pas facile de trouver un remplaçant à Thomas Cook, surtout qu’il opère sur plusieurs marchés, européens notamment.
Que doivent faire les hôteliers pour éviter d’assumer entièrement cette faillite ?
Ils doivent se regrouper pour défendre d’une seule voix leur cause, essayer de trouver un compromis avec les liquidateurs de Thomas Cook et négocier avec les autorités britanniques un mode de remboursement et de dédommagement. Et sur le plan national, trouver des arrangements avec les banques, la CNSS et les impôts, ainsi que certains fournisseurs telles que la STEG et la Sonede.
Que doit faire le ministère du Tourisme pour aider les hôteliers à affronter cette grave crise?
L’Administration du tourisme, le ministère et l'ONTT peuvent faire beaucoup pour soutenir les hôtels sinistrés par cette crise aiguë :
- Etudier avec les autorités britanniques toutes les possibilités de dédommagement ;
- Appuyer les démarches des professionnels et opérateurs tunisiens pour se faire rembourser ;
- Intervenir auprès des banques et institutions financières tunisiennes ainsi que les autres départements ministériels et sociétés sous tutelle, pour accorder aux hôtels sinistrés des facilités ;
- Instituer une veille stratégique pour éviter dans l’avenir de tels tsunamis qui risquent fort de se reproduire.
Le gouvernement britannique a assuré un plan de rapatriement de ses ressortissants. Mais quel sort sera, selon vous, réservé aux clients non britanniques de Thomas Cook ?
Les situations seront étudiées certainement au cas par cas, nationalité par nationalité.
Le mot de la fin ?
Dans tous les cas de figure, il ne faut pas que cet incident majeur laisse des séquelles graves sur le tourisme tunisien et sa commercialisation, d’une part ; et qu’il entâche l’image et la notoriété de la destination Tunisie d’autre part.
Propos recueillis par B.M.
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