Anouar Moalla: Voilà pourquoi j'ai fait le choix de l'IVD
Anouar Moalla, l'homme de communication, qui a été recruté en mai 2015 par Sihem Ben Sedrine pour travailler au sein de l’IVD et qui s’est trouvé la cible de plusieurs attaques, a publié une mise au point sur sa page Facebook pour expliquer les raisons de son choix.
Les Tunisiens sont en majorité très prompts à juger les autres. Ils ont souvent des idées bien arrêtées. Leur vision est parfois assez manichéenne (alors que nous savons que tout n'est pas nécessairement blanc ou noir). Permettez-moi de m'expliquer une bonne fois pour toutes concernant mon choix de travailler pour l'Instance Vérité et Dignité. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir relayer mon message, si vous le jugez utile. Je n'en peux plus de devoir répondre sur chaque mur à ceux qui me collent toutes sortes de qualificatifs, qui me classent, au mieux, parmi les défenseurs naïfs des causes perdues, au pire parmi les cupides, les profiteurs, les rapaces.
1. En tant que consultant national et international reconnu, formateur et enseignant universitaire, je suis capable en toute légalité (étant libre de mon temps et moyennent la déclaration de tous mes revenus) de tripler voire quadrupler la pension de retraite convenable que je touche. Je ne gagne absolument pas à la suspendre pour un emploi full-time permanent. Je suis prêt à en donner la preuve à la demande (en inbox).
2. J'ai accepté de postuler à l'IVD à la demande du RTJT, c'est-à-dire d'un réseau de la société civile spécialisé dans la justice transitionnelle. Au besoin, Dr. Kamel Gharbi, le président de ce réseau, pourra vous le confirmer.
3. Je n'ai pas hésité un seul instant à donner mon accord, lorsque MmeSihem Bensedrine m'a fait comprendre que je pouvais contribuer valablement aussi bien à la réussite de l'IVD qu'à celle de la justice transitionnelle. Son briefing était honnête, complet, sans concession, en tous cas convaincant.
4. J'ai accepté la mission à la mi-mai 2015 et je n'ai jamais eu à le regretter car les deux raisons qui m'ont poussé à accepter sont encore valables :
a. L'IVD chargée de par la loi à conduire le processus de la Justice Transitionnelle, si elle agit vite et bien, dans la transparence et en gardant le bon cap, est dotée de tous les atouts pour aider à restaurer la confiance entre le tunisien et les institutions de la république. En cela, l'IVD demeure le seul acquis réel, aux côtés de la constitution, de la révolution des 17-14. Faire partie de ce train, de cette expédition, est une chance pour moi, une entreprise exaltante, un défi qui vaut la peine d'être relevé
b. Une communication bien conçue, entérinée par le Conseil, relayée par les médias et la société civile, peut aider à corriger les perceptions et faire adhérer tout le pays au fantastique projet de la justice transitionnelle.
5. Sur un plan plus personnel, me remettre à travailler pour l'Etat, moi qui ai été mis proprement à la porte (retraite anticipée à 52 ans en 2003) comble ma fierté personnelle et sert mon estime de moi-même. Alors que l'Etat-RCD avait tout fait pour me faire douter de moi, me voilà de nouveau sollicité, voilà qu'on me dit que je peux encore servir mon pays à un moment déterminant et au sein d'une institution-clé de la transition démocratique.