Après 5 jours d’errance en mer, ces rescapés attendent encore l’autorisation d’entrer au port de Zarzis

Après 5 jours d’errance en mer, ces rescapés attendent encore l’autorisation d’entrer au port de Zarzis

 

Dans la nuit du 16 juillet 2018, le Sarost 5 navire d’approvisionnement battant pavillon tunisien est arrivé devant le port de Zarzis avec 40 rescapés en mer d’origines subsahariennes et égyptiennes. L’entrée au port lui a été refusée par les autorités tunisiennes qui affirment être en négociations pour prendre la décision d’accueillir ou non le navire.

En fin de semaine dernière, la plateforme Miskar de la compagnie British Gaz, dans les eaux internationales au large de Kerkennah, avait lancé une alerte concernant une embarcation en panne dans les eaux internationales. Le centre de secours (MRCC) de Malte a dépêché le navire le plus proche le Caroline III sur place pour apporter de l’aide aux personnes à bord. L’équipage de Caroline III a alors découvert 40 personnes dont 8 femmes dont une enceinte qui étaient perdues en mer depuis 5 jours.  Le Caroline III a alors appelé les centres de secours (MRCC) de l’Italie, de la France et de Malte qui ont refusé d’accueillir ces rescapés prétextant que les ports les plus proches étaient situés en Tunisie.   

Le samedi 14 juillet à 15h, d’après le capitaine du Sarost 5 qui assurait une mission d’approvisionnement pour la plateforme gazière, son bateau aurait obtenu l’accord des autorités maritimes compétentes pour prendre en charge les rescapés à bord et les acheminer au port de Sfax. Ces instructions auraient été changées en cours de route pour le diriger vers le port de Zarzis le 14 juillet. Depuis plus de 48 heures maintenant son navire est tenu à être immobilisé au large du port de Zarzis avec ses 40 rescapés dont certains sont en état de choc. A l’initiative de la société propriétaire de son navire et en collaboration avec le Croissant Rouge Tunisien, des provisions et une aide médicale seraient en voie d’acheminement vers le bateau.

Les associations signataires en appellent aux autorités tunisiennes, et notamment celles en charge du contrôle des frontières maritimes et du sauvetage en mer, à se conformer urgemment aux obligations qui leur incombent au regard notamment de la Convention internationale relative à la sauvegarde de la vie humaine (SOLAS), de la Convention internationale relative à la recherche et au sauvetage maritime (SAR) et ses Protocoles, ainsi que la Convention de Montego Bay sur le droit de la mer signée le 10 décembre 1982. Quoique la réponse à cette situation de détresse ne garantisse en aucune façon les droits des personnes migrantes en raison de l’absence d’une loi régissant l’asile ou de garantie d’un examen ultérieur juste, équitable et individuel de la situation des rescapés, la Tunisie n’étant pas à ce jour considéré comme un « pays sûr ».

Le déroulement des faits évoqué vient renforcer l’inquiétude déjà exprimée quant aux objectifs et à la volonté d’élargissement vers le nord de la zone de recherche et de sauvetage tunisienne, depuis le début de l’opération Triton de l’agence Frontex.

Les associations signataires rappellent les responsabilités engagées des gouvernements italiens, maltais et français dans cette situation d’urgence, du fait que tout renvoi du navire non dûment justifié revient à contrevenir au principe de non-refoulement des personnes à bord.

Elles tiennent également à réaffirmer :

Le refus que la Tunisie soit mise face au fait accompli des nouveaux choix européens d’externalisation de leurs frontières et d’ignorer les droits des migrants à l’accès à un pays sûr, aux dépens de menaces effectives sur la vie de naufragé.e.s abandonné.e.s en mer.
Leur ferme opposition au projet proposé lors du dernier sommet européen le 29 juin 2018 de « plateformes de débarquement » dans des pays de la rive sud de la Méditerranée qui contrevient à la mise en œuvre des garanties procédurales inscrites en droit européen en matière d’accueil des personnes et d’examen des situations individuelles.

Associations et  Organisations signataires :

Le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux

Le Réseau Euromed Droits

L’Association Tunisienne de Défense des Droits de l’Enfant (ATDDE)

La Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux rives (FTCR)

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